Inconnu au bataillon brit-pop, Martin Newell est pourtant l’un des plus habiles tenanciers de la maison anglaise. Pour juger de l’importance du bonhomme, on pourrait énoncer les états de service complets de Martin Newell depuis une grosse décennie. Contentons-nous seulement d’évoquer The Cleaners From Venus, The Brotherhood Of Lizards et, enfin et surtout, sa première […]
Inconnu au bataillon brit-pop, Martin Newell est pourtant l’un des plus habiles tenanciers de la maison anglaise.
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Pour juger de l’importance du bonhomme, on pourrait énoncer les états de service complets de Martin Newell depuis une grosse décennie. Contentons-nous seulement d’évoquer The Cleaners From Venus, The Brotherhood Of Lizards et, enfin et surtout, sa première et inoubliable manifestation en solo, il y a deux ans, lorsqu’il s’autoproclama Greatest living Englishman. De fait, il le devint instantanément aux yeux de beaucoup. On pourrait aussi rabattre les cartes usées du petit jeu des familles du rock anglais et attribuer à Newell tous les clichés qui tendent à brocarder la pop lorsque ce sont d’étranges et solitaires quadras et non de jeunes gommeux arrogants qui la pratiquent. Mais, à trop réduire l’imaginaire de Martin Newell aux limites étroites d’un petit musée de cire poussiéreux seulement habité de dandies excentriques bloqués à l’époque victorienne, on en oublie le formidable bouillon qui agite ses chairs, le vibrato si puissamment vivant de sa voix, la singularité de sa prose, et l’on se méprend forcément sur l’essentiel. S’il avait arpenté depuis l’enfance les terres sèches du Kentucky, Newell aurait probablement fondé Palace et nul ne se risquerait aujourd’hui à contester l’authenticité de sa foi. Citoyen d’une Angleterre rurale et généreuse, où l’observation complice des petites gens amène à dresser un portrait méticuleux du génie ordinaire, son folk à lui revêt forcément l’aspect d’une turgescence lumineuse et débonnaire. Après Andy Partridge, Louis Philippe s’est chargé en musicologue lettré et modeste d’apporter un savoir-faire ès pop à la beauté éblouissante des compositions de Newell. Et si celles-ci pourraient tout aussi bien vivre nues, on admirera une fois encore la diversité et la souplesse des tissus qui les entourent. Aux rejetons novices de la brit-pop, on confirmera que Blur et Martin Newell parlent effectivement un langage voisin, usent à peu près des mêmes recettes syntaxiques et musicales, mais lorsque les uns rejoignent leurs maisons cossues de Notting Hill, l’autre promène son vieux chien sur un modeste lopin de terre de l’Essex et converse avec les personnages de ses chansons. Du coup, sur MTV, personne n’a jamais entendu parler de lui.
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