De la pop radieuse made in Vancouver, l’album “feel good” de la rentrée. Critique et écoute.
C’est par une orgie de chœurs, une turgescence de mélodies multicolores enchevêtrées comme des rainbow loom, que démarre, en fanfare, le sixième album de ces Canadiens virevoltants. Depuis qu’ils ont laissé de côté les pudeurs indie de leurs premiers albums et déboutonné leurs généreux corsages, ils sont l’une des machines pop les plus excitantes et exaltantes de la planète. Seule l’indifférence, voire le mépris, dont il font l’objet y fait figure d’incompréhensible grain de sable. Gageons toutefois que la donne pourrait changer et les sacrer enfin à leur juste mérite.
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Avec Brill Bruisers – dont la consonance avec le Brill Building n’est sans doute pas fortuite –, le cerveau du génial A. C Newman semble avoir connu une ébullition plus folle encore, expurgeant des chansons bulles de savon à faire passer Abba pour une chorale de mormons (Champions of Red Wine, Marching Orders) et Arcade Fire pour un pétard mouillé (War on the East Coast). Par sa configuration polyphonique, sa mixité torride et son goût des constructions complexes aux lignes pourtant limpides, The New Pornographers est également la plus belle incarnation contemporaine de Fleetwood Mac (flagrant sur Fantasy Fools), un challenge visé par nombre de groupes qu’ils coiffent admirablement sur ces treize chansons sophistiquées et brillantes.
Voulu comme un acte de défiance euphorique après un méchant coup de blues, ce retour fracassant d’un silence de quatre ans ne lésine pas sur les moyens cosmétiques pour que la fête soit pleinement réussie. On y entend les claviers les plus acidulés depuis les Cars, l’union sacrée de voix de filles (Neko Case, entre autres) et de gars qui chavirent les unes pour les autres, un vocoder désuet emprunté à E.L.O. et un harmonica déchirant, comme encore chaud des lèvres de Dylan. Malgré l’ironie et l’amertume qui les assombrissent parfois, leurs refrains sont comme des feux de Bengale qui provoquent des bouffées d’effervescence contagieuses, dont il serait suicidaire de repousser l’étreinte.
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