Précisons-le d’entrée : on ne fait pas le service après-vente et, en cas de malheur, on n’y est pour rien. C’est d’ailleurs le genre de disque qu’on ne voudrait pas chroniquer, parce qu’on n’est pas certain que l’écho phénoménal rencontré ici résonne aussi fort ailleurs, parce que ce folk d’effroi n’est peut-être pas partageable, parce […]
Précisons-le d’entrée : on ne fait pas le service après-vente et, en cas de malheur, on n’y est pour rien. C’est d’ailleurs le genre de disque qu’on ne voudrait pas chroniquer, parce qu’on n’est pas certain que l’écho phénoménal rencontré ici résonne aussi fort ailleurs, parce que ce folk d’effroi n’est peut-être pas partageable, parce que ce disque n’est sans doute pas aussi formidable qu’on le jure, aussi terrifiant qu’on le ressent, aussi hantant qu’on le soupçonne.
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Bref, un disque qu’on aimerait se garder pour soi, pour se faire peur dans le noir, pour se recroqueviller en position f tale, pendant que l’Ecossais psalmodie un genre de gospel hébété (à la Eno), de psychédélisme en plein bad trip, livide et ébranlé. Difficile de se raccrocher à du tangible, du solide, dans les chansons de ce druide dont le folk cramé fait passer la famille Devendra Banhart pour Les Compagnons De La Chanson : on l’a, paresseusement, comparé à Syd Barret, Robert Wyatt ou Nick Drake, ses ancêtres britanniques, ou aux mabouls d’Amon Düül II ou Acid Mothers Temple (avec qui il a échangé des potions) alors qu’il faudrait sans doute remonter beaucoup plus loin, au Moyen Age et à quelques chants possédés de sorciers aux rituels terribles.
On parlera donc de magie (noire) pour tenter d’expliquer comment ces chansons mal fichues, torturées sur ordinateur, ébranlées par une basse disproportionnée, zébrées par des guitares inquiètes, taraudées par des orgues fantomatiques, peuvent provoquer de telles visions, une telle dépendance. On y repart, dans le noir, sans bougie, sans boussole, sans doute seul : moins on sera de fous, moins on rira.
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