La horde punk londonienne rempile avec un deuxième album à la morgue prolo incendiaire.
Si Charlie Manning Walker était américain, le type serait sûrement docker dans le New Jersey. Le genre à passer du Bruce Springsteen dans sa Oldsmobile Cutlass de 1992, avant d’aller s’envoyer des Bud avec un certain Randy au bar du coin. Entre deux parties de fléchettes, l’idée de monter un groupe de rock ferait son chemin : un racket qui ne sonnerait pas comme le Boss, mais plutôt comme du Dr. Feelgood un soir de jam session avec The Ramones, Black Flag et The Damned. Sauf que Charlie Manning Walker est anglais, ce qui ne change rien à l’affaire. Son groupe, Chubby and the Gang, transpire autant le pub rock humide des seventies braillardes et l’urgence débraillée en skinny de Joey Ramone que le son hardcore des punks made in California.
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Issue du terreau fertile des scènes londoniennes les plus bruyantes (les membres du gang officiant au sein de diverses formations estampillées “hardcore” de la capitale britannique), l’équipée sauvage menée par Chubby Charlie a fait grand bruit l’année dernière avec Speed Kills, un premier LP hébergé par le très underground label UK Static Shock Records. Un succès d’autant plus surprenant que ces types n’ont pas de plan de carrière et ne sortent pas d’une école d’art ou du conservatoire comme d’autres aujourd’hui. Plus Sex Pistols à la sauce oi! prolo que Howard Devoto, Chubby and the Gang. Le jour, Manning Walker est d’ailleurs électricien (syndiqué) sur les plateaux de tournage, les autres sont paysagiste ou vendeur de CBD et ne semblent pas avoir d’autres ambitions que de jouer vite et fort : “We don’t want top forty/So we keep it underground”, braillent-ils ainsi sur le bien nommé Pariah Radio.
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De bile et de bière
Le premier disque de Chubby and the Gang déroulait treize titres contenus en moins d’une demi-heure de bile et de bière, déblatérant sur la police qui tabasse (Blue Ain’t My Color), rendant hommage aux morts de la Grenfell Tower, cette tour de logements sociaux de North Kensington partie en flammes en 2017 (Grenfell Forever) et célébrant la vie de gang dans des brûlots à caractère programmatique trempés dans le fiel de la rue. Petit florilège extrait de l’intraitable Chubby and the Gang Rule Ok?, morceau d’ouverture déjà culte : “Chaos is the reason why we’re having fun”, “Hello hello we’re the gang and the outside world will never understand” ou encore “Jumping the turnstiles and tearing out the sets/We’re storming across every city’s high streets”.
Speed Kills les emmènera en tournée aux États-Unis début 2020, avant de leur ouvrir les portes de Partisan Records, maison de disques d’IDLES et de Fontaines D.C. (entre autres), qui sort ces jours-ci The Mutt’s Nuts. Attendu au tournant, ce deuxième album marche sur les plates-bandes du précédent et le dynamite même, en s’autorisant quelques ballades de punk brisé avec un potentiel déflagratoire incendiaire, sans jamais reléguer l’urgence au second plan. La filière punk semble à nouveau pleine de débouchés et Chubby pourrait bien susciter des vocations.
The Mutt’s Nuts (Partisan Records/PIAS). Sortie le 27 août.
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