Des Feelies à Yo La Tengo, le rock du New Jersey a souvent regardé New York, de l’autre côté des eaux, avec ce mélange d’admiration et de défiance, répondant à la coolitude par la frénésie, à l’agitation par l’hypertension, à la médiatisation par une humilité coupable. Vétérans de cette scène, les Wrens jouent avec cette […]
Des Feelies à Yo La Tengo, le rock du New Jersey a souvent regardé New York, de l’autre côté des eaux, avec ce mélange d’admiration et de défiance, répondant à la coolitude par la frénésie, à l’agitation par l’hypertension, à la médiatisation par une humilité coupable. Vétérans de cette scène, les Wrens jouent avec cette frustration rivée au corps un rock traître : d’apparence simple, voire fruste, il révèle peu à peu sa complexité, ses arrangements savants, ses textures inédites.
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Les Wrens, dont la vie sociale doit être d’une richesse inégalée, vivent tous les quatre ensemble, dans la banlieue de Secaucus, où on les soupçonne de collectivement repasser leurs chemises à carreaux, boire des bières sur le perron ou regarder le sport à la télé. On comprend alors que leur musique soit à ce point une échappatoire, une issue de secours, qu’elle se joue ainsi irréelle et pourtant terrienne, devant autant aux mirages des Flaming Lips qu’au rock plus tangible de Weezer ou de Pavement. A la manière de Broken Social Scene ou Yo La Tengo, une manière de jouer la tête ailleurs mais les pieds au sol, qui culmine sur l’épique 13 Months in 6 Minutes ou sur le tubesque This Boy Is Exhausted.
Quelques preuves, parmi tant d’autres sur cet album opulent, pour rendre encore plus exaspérant l’anonymat réservé à ces pop-songs sans tapage, sans bavardage, sans âge. Et ne surtout pas croire que leur pedigree impeccable les empêche de hurler à la lune.
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