Débarquées de l’ouest du Yorkshire, les nouvelles recrues de l’incontournable Dan Carey se livrent entre rage et frustration. A consommer sans modération.
On imagine une adresse mail saturée, inondée de fichiers audio et autres demos enregistrés par de jeunes loups affamés. Une boîte postale surchargée, remplie de disques expédiés dans l’espoir d’atteindre le nouveau gourou des formations à guitares d’outre-Manche, Dan Carey.
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Au milieu de ces innombrables bouteilles à la mer, le fondateur du label londonien Speedy Wunderground, rampe de lancement pour Fontaines D.C., black midi, Squid et Black Country, New Road – rien que ça –, n’a pas manqué de repêcher celle d’une bande d’ados originaire du nord de l’Angleterre sur la simple foi d’une unique piste au contenu hautement inflammable.
Publié en physique au printemps 2020, Generation Game déploie cinq minutes de rage juvénile que ses auteurs, à peine sortis du lycée, se dispensent de contenir. La totalité des vinyles produits s’arrache en moins de 48 heures et le morceau décroche le titre du single le plus rapidement vendu du catalogue Speedy Wunderground.
Une insoumission bien actuelle
Dans le sillage de leurs aîné·es passé·es par la même écurie, Cameron Davey, Herbie May, Hani Paskin-Hussain et Archie Dewis sont alors placés sous surveillance. The Lounge Society devient à son tour le dernier groupe estampillé postpunk à suivre du Royaume.
Un an après cette introduction remarquée, les quatre adolescents récidivent aujourd’hui sur un premier EP aussi frondeur que leur track inaugural le suggérait. Avec Silk for the Starving, ils multiplient les citations, manient les références et se jouent du rock des cinquante dernières années pour soutenir les bases d’une insoumission bien actuelle.
Comme la clique des incorrigibles Working Men’s Club, les membres de The Lounge Society n’ont pas encore la vingtaine. Ils débarquent du même coin paumé de la Calder Valley, à l’ouest du Yorkshire, et s’approprient également les codes des scènes du passé pour faire bouger les corps et distiller autant la colère que la frustration de leur génération.
Sont alors convoqués aussi bien les icônes du nord du pays – le groove de Gang of Four, la gouaille de Mark E. Smith –, que les motifs du punk et de la new wave new-yorkaise (Burn the Heather, Television) ou les irruptions primitives venues de Detroit, tendance Stooges et MC5 (Valley Bottom Fever). En quatre morceaux, les Anglais ravivent la flamme d’une jeunesse désabusée. Au fond d’eux, l’étincelle.
Silk for the Starving (Speedy Wunderground/PIAS). Sortie le 18 juin
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