Depuis deux ans, les nouvelles des Libertines se prennent dans la rubrique faits divers. Menaces avec un gros couteau, bagarres internes et molles, saouleries répétées, chute contre un lavabo, vol chez les potes ou cure de désintoxication : en un temps record, les quatre Anglais, Pete Doherty en tête, ne se sont épargnés aucun larcin […]
Depuis deux ans, les nouvelles des Libertines se prennent dans la rubrique faits divers. Menaces avec un gros couteau, bagarres internes et molles, saouleries répétées, chute contre un lavabo, vol chez les potes ou cure de désintoxication : en un temps record, les quatre Anglais, Pete Doherty en tête, ne se sont épargnés aucun larcin de sous-préfecture, aucune équipée foireuse. De quoi nourrir les tabloïds, affoler les fans et régaler la maison de disques.
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Mais aussi de quoi sortir un second album raté, pénible et bouffi, aussi attentiste qu’attendu, idéal pour l’étagère des « disques qui auraient pu ». Enregistré à Londres dans des conditions dignes d’un Guantanamo rock, avec vigiles, tranquillisants et avocats dans le studio, ce nouveau Libertines, sobrement éponyme parce que pas la peine d’en rajouter, vraiment, est pourtant très loin d’être la plantade redoutée. Urgent sans être bâclé, chancelant mais pas boiteux, cet album écrit ? malgré les pertes d’équilibre et la proximité du fossé ? des pages très contemporaines de cette belle histoire de l’Angleterre qui vacille et fait tomber sa pinte. Celle des Will Self, des Paul Gascoigne, des Patsy et Edina.
Dès le morceau d’ouverture, Can’t Stand Me Now, premier single en forme de tabula rasa touchante, électrique et lumineuse, Carl Barat et Pete Doherty s’aspergent illico de toute leur vieille bile. Ils effacent les querelles intestines, repartent de presque zéro et jouent, chaussettes baissées, ce match de barrage à l’issue très incertaine qu’est The Libertines, quelque part entre le sacre et la relégation.
Et c’est justement la traversée insouciante de cet entre-deux boueux qui rend aujourd’hui ces quatre trouducs londoniens aussi précieux et attachants. Qui se rabibochent avec la naïveté et l’empressement maladroit de ces gamins qui viennent de faire une sacrée connerie. La mèche à moitié droite et l’air presque concentré, mais avec des boules puantes plein les poches, les Libertines convoquent ainsi Clash, les Kinks, Benny Hill, les Dexy s Midnight Runners, des sifflets et des pouets-pouets à leurs retrouvailles.
Pour jouer du punk-rock très fort (Arbeit Macht Frei, Campaign of Hate), du quasi-rockabilly à dose homéopathique (Narcissist, Last Post on the Bugle), et même de la pop bien mise (Music When the Light Go out, What Katie Did). Le tout en s’asseyant bien fort sur un héritage qu’ils ne connaissent d’ailleurs peut-être même pas. Bonne nouvelle, qu’on ne lit jamais dans la rubrique faits divers : les branleurs ont toujours la main ferme.
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