Si tous les ingénieurs de la NASA peuvent confirmer que l’espace est devenu une poubelle, on sait moins que sa musique prend le même chemin. Attiré par les découvertes d’une minorité de pionniers au talent certain, une foule de groupes mineurs s’est mécaniquement engouffrée dans ce qui est devenu une autoroute aux normes de conduite […]
Si tous les ingénieurs de la NASA peuvent confirmer que l’espace est devenu une poubelle, on sait moins que sa musique prend le même chemin. Attiré par les découvertes d’une minorité de pionniers au talent certain, une foule de groupes mineurs s’est mécaniquement engouffrée dans ce qui est devenu une autoroute aux normes de conduite bien définies. C’est pourquoi certains groupes anglais ont décidé qu’ils se contenteraient de prendre des notes sur ce qui se passe là-haut. Ils ont fait le choix de ne pas séduire par l’invention mais de séduire tout court. On avait ainsi été sidéré par le premier single de Metrotone, où l’on découvrait un groupe pop aux acoustiques puissantes qui se servaient d’un arsenal insensé d’échos pour précipiter le Christine de House Of Love dans un trou noir, et adoré son chanteur John Brenton, lyrique et obstiné. Pourtant, Metrotone brouille les pistes sur un premier album varié. Il passe une moitié de son The Less you have, the more you are à rénover la musique ambient à sa façon, à lui faire prendre une couleur qui rappelle celle des vieux posters de Joy Division. S’il sait ainsi parfois charmer, ce sont ses mélodies qui enthousiasment Air guitare et Feel empruntant le sillage des Loose my breath de My Bloody Valentine ou Darklands de Jesus & Mary Chain. L’habituelle masse d’échos éloigne la voix de John Brenton et l’on découvre ainsi que l’espace pourrait aussi être un bon refuge pour les âmes éprises de sensiblerie. Metrotone, comme ses collègues Gnac, Appliance ou Quigley, ressuscite cet esprit progressiste qui a toujours eu sa place dans les marges de la pop britannique de Disco Inferno à PIL ou aux Raincoats et ce supplément de QI qui a conduit ces aventuriers à un point d’équilibre parfait entre la mélodie brise-coeur et l’invention. On prédit à Metrotone un même destin : produire une onde de choc certes limitée mais qui continuera à produire de petits clapotis sur les rivages de la pop pendant quelques années à venir. The Less you have, the more you are a ainsi tout, y compris suffisamment de faiblesses, pour devenir un disque culte très important pour un très petit nombre de personnes donc.
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