Nouvel album en forme de consécration pour l’ex-chanteuse de Cocoon et complice de Jean-Louis Murat, bien entourée, mais farouchement intime.
Bien sûr, Morgane Imbeaud a d’abord fait partie de Cocoon au tournant des nées 2000/2010, et de quelques autres formations discrètes, aux ravissantes teintes electropop, comme avec Xavier Caux sur le duo Un Orage, ou plus organiques avec Peaks. Mais, c’est surtout sur deux albums, tardifs et sublimes, de son compatriote auvergnat Jean-Louis Murat (l’immense OVNI Travaux sur la N89 en 2017, puis Il Francese en 2018) que sa voix nous a définitivement donné envie de voir ses ailes se déployer en liberté.
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Un transport onirique
Après deux premiers essais solo (le conte Les Songes de Léo en 2015 et le déjà remarqué Amazone en 2020), The Lake signe probablement son véritable envol d’autrice. Dive Head First, chante-t-elle sur le beau morceau qui porte ce titre. Et c’est volontiers qu’on plonge la tête la première dans les eaux nuancées d’un lac ondoyant entre chanson délicate et complaintes ouvragées : Morgane Imbeaud place en tout début d’album quelques-unes de ses plus éclatantes réussites. Sur le titre d’ouverture, elle installe la fragilité de sa voix en regard de celle de Chris Garneau (autre artisan pop trop bien caché), esquissant un superbe pas de deux à la vibration faithfullienne avant l’enchaînement parfait No Rising Sun, Patineuse et Forgiveness, tubes en puissance, qui nous traversent comme un charme.
Plus loin, c’est Lonny qui nourrit Fire de son timbre fiévreux. S’il est ici ou là menacé par la tiédeur (le piège parfois de celle·ux qui soufflent aussi bien le chaud que le froid), l’alliage emballant de pop et de variété ferait presque de Morgane Imbeaud un fantasme de Taylor Swift à la française. On capte autour du Lake un reste de Murat voire des échos de paradis perdus, autant dans les envolées mélodiques que dans cet art consommé de la chanson indélébile. Dans ses mots si bleus, aussi, qu’ils soient anglais ou français – Seule, ou un Sage adjanien en diable. Mais, l’évidence de The Lake, c’est que Morgane Imbeaud n’a aucun besoin de prothèses tutélaires : ses belles ailes lui assurent un vol aussi gracile qu’assuré.
The Lake (Bleu Nuit & Roy Music/Believe). Sortie le 10 mai 2024.
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