Après avoir frôlé la catastrophe, les Anglais de The Klaxons sont partis en Amérique ragaillardir leur électro-rock au contact d’un producteur de métal. Ils en reviennent avec un deuxième album moins fluo et plus flou, traversé de visions hallucinogènes. Rencontre et écoute intégrale.
Le producteur de rap Focus aurait également été convié à se pencher sur le cas de ces Anglais visiblement en mal de sensations nouvelles, mais une fois de plus, il s’agit d’un leurre. Finalement, en 2009, c’est chez Ross Robinson, à Los Angeles, que les Klaxons finissent par poser leurs valises pour mettre enfin en boîte le successeur de Myths of the Near Future. Dans le genre dépaysement, ils sont servis, car Robinson n’est pas spécialement connu pour ses brevets en dentellerie artisanale, son carnet de bal étant plus volontiers peuplé d’affreux tricoteurs métallurgistes nommées Slipknot, Deftones, Korn et autres Sepultura.
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Un peu à l’image des Arctic Monkeys partis soigner leur acné outre Atlantique chez Josh Homme des Queens Of The Stone Age, les Klaxons se laissent donc malmener par un type qui n’a sans doute jamais levé les bras aux étoiles en écoutant les Golden Skans, Gravity’s rainbow ou Magick, single euphorisants qui trouaient leur premier album. On aurait pu attendre le pire d’une telle collision, et voir la musique déjà pas mal chargée en anabolisants des Klaxons finir par ressembler à une purge électro métal pour stadiums et perdre définitivement sa spontanéité et sa fière arrogance anglaise. Heureusement cet écueil-là aura été évité.
“Ross était comme notre père en studio, atteste le guitariste échevelé Simon Taylor-Davis. Son regard sur notre musique fut essentiel mais c’est surtout d’un point de vue humain que l’alchimie a fonctionné. Nous débarquions à Los Angeles avec le sentiment de recommencer une page blanche et c’est ça qui nous excitait avant tout. Nous avions également besoin de nous désintoxiquer de Londres, de nous couper de certaines influences néfastes et de retrouver une forme d’équilibre à l’intérieur du groupe. Nous aspirions à la sobriété.”
Précisons que le groupe, pour composer les chansons qui explosent en mille gerbes psychédéliques sur Surfing the Void, s’est laissé embarquer dans une spirale hallucinogène à base de Ayahuasca, une liane utilisée par les chamanes en Amazonie, qui sert notamment au Brésil chez les accros à l’héroïne comme substitut psychothérapique. Interdite dans certains pays – dont la France –, elle n’est pas non plus considérée comme une drogue et permet donc à certains aventureux de s’essayer à un trip dont quelques-uns des nouveaux morceaux des Klaxons témoignent de la puissance. Dans les meilleurs moments, sur le single Echoes ou sur le futur tube Calm Trees, on retrouve les mêmes visions pop efflorescentes que sur le dernier MGMT. Parfois, la patte un peu épaisse de Robinson se fait sentir et la sensation d’élévation se transforme en simple exercice de pyrotechnie qui amuse la rétine mais ne permet pas de voir bien loin. Et ce n’est pas forcément en intitulant un morceau Extra Astronomical que l’on devient Pink Floyd du jour au lendemain.
Avec ce deuxième album bardé d’hymnes clignotants et traversé à plusieurs endroits par des ondes anxiogènes qui leur donne un peu de l’épaisseur qui leur faisait défaut, les Klaxons ne se sont pas encore inventé un futur à la hauteur de leurs prétentions mais ils se sont intelligemment préservé un présent. Après le fluo, le flou leur va plutôt bien.
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