Après avoir frôlé la catastrophe, les Anglais de The Klaxons sont partis en Amérique ragaillardir leur électro-rock au contact d’un producteur de métal. Ils en reviennent avec un deuxième album moins fluo et plus flou, traversé de visions hallucinogènes. Rencontre et écoute intégrale.
N’importe quel fripier de Camden ou du Sentier vous le dira : le fluo vieillit mal. Une saison à peine d’exhibition intensive dans les festivals à ciel ouvert ou sous les stroboscopes, et le beau T-shirt jaune stabilo qui mitraillait de mille feux aura la même allure flapie et le teint aussi verdâtre que le propriétaire teufeur dont il faisait la fierté. Cette mésaventure d’ordre textile a bien failli emporter les Londoniens de The Klaxons, bombardés il y a trois ans sur la scène internationale avec un premier album extatique, présomptueusement titré Myths of the Near Future, et reconnus parmi la foule des révélations rock saisonnières grâce à leur garde-robe flashy, leurs refrains claironnants et leurs concerts pareillement fluorescents.
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Tout ceci, avec en prime l’étiquette Nu Rave que la presse anglaise leur colla en pare-soleil, avait de grandes chances de terminer dans l’eau de lavage des lendemains de hype blafards et d’entraîner le groupe sur le toboggan savonneux d’un deuxième album catastrophe. Le spectre Stone Roses : troisième plus grand traumatisme anglais de tous les temps après Austerlitz et le Pont de l’Alma. Sans toutefois tomber aussi bas, les Klaxons ont eu chaud aux baggy, et les stigmates de cette traversée houleuse sont aujourd’hui visibles à travers les dix chapitres chaotiques de leur deuxième album Surfing the Void.
Après avoir calé sur l’étagère leur trophée du Mercury Prize 2007 et immolé leur jeunesse dans tous les festivals d’été, les Klaxons se sont retrouvés fort dépourvus lorsqu’il leur aura fallu revenir à la blême et anonyme réalité du studio. A la sortie, quelques longs mois plus tard, une rumeur narquoise commence à se répandre comme une traînée de fiel : leur maison de disque anglaise aurait purement et simplement signifié à ces jeunes insolents qu’ils pouvaient utiliser le produit de leur cogitation brumeuse pour enfumer des taupinières ou nettoyer leur parquet, mais en aucun cas pour en faire un disque.
A l’évocation de cet épisode pas très flatteur, le chanteur Jamie Reynolds lève les yeux au ciel, conscient que le groupe va devoir donner sa propre version des faits et qu’en retour personne ne le croira tout à fait :
“La première mouture de notre album n’a pas été rejetée par la maison de disque pour la bonne et simple raison qu’il ne s’agissait pas d’un album mais d’une vague ébauche. Nous sommes entrés en studio sans but précis, sans certitude d’avoir quelque chose à l’arrivée. Nous avions à cœur de nous laisser aller à expérimenter des choses différentes. On voulait avant tout se faire plaisir et mieux travailler sur la cohésion du groupe, avant de se pencher sérieusement sur les chansons. On a parlé de dépression, de malaise, alors qu’il s’agit sans doute de l’expérience la plus joyeuse et enrichissante que nous ayons vécu ensemble.”
Par la surenchère des infos/intox qui gonflent un peu arbitrairement sur internet, on apprend également que les Klaxons ont finalement atterri entre les vieilles mains expertes de Tony Visconti, producteur phare des seventies en général et de Bowie en particulier. Là encore, gros bullshit : “Nous avons mangé une paella à New York avec Tony Visconti, il nous a raconté plein d’anecdotes sur Bowie et nous a dédicacé son livre, mais nous n’avons pas enregistré la moindre note sous sa gouverne.”
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