Retour de l’extravagante fanfare anglaise : moins baroque, plus barrée. Critique.
En 2009, The Irrepressibles débarquaient en fanfare fantomatique au Festival des Inrocks, avec un show fantasque et ample : une symphonie pour spleen majeur, qui pacsait les torch-songs élancées d’Antony, la soul-music pâle des Tindersticks et une pop de cabaret cassé à la Marc Almond. Après ce grand bruit feutré, il y aura un album, Mirror Mirror, des espoirs démesurés et, finalement, le silence. À peine troublé par ce Nude au titre ambigu. Car si l’abondant orchestre de Jamie McDermott s’offre effectivement dans la nudité, le recueillement, ses poussées de fièvre, elles, ne connaissent qu’arabesques, taffetas et chamarrures.
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Le souci, par rapport à l’enchanteur Mirror Mirror et ses immenses Nuclear Skies ou In This Shirt, est que tout cet extravagant habillage repose le plus souvent sur du vide : décor de cinéma, que trop peu de chansons viennent étayer. C’est à la fois magnifique et un peu vain, enchanteur et plein d’effets spéciaux. Impression de décorum illusoire renforcée, en contraste hurlant, par les moments où The Irrespressibles tiennent enfin des mélodies, des envolées à leur démesure, comme sur New World ou le terrassant Two Men in Love. Moins baroque, plus contemplatif que son prédécesseur, Nude atteint dans ces moments de grâce une liberté et une apesanteur que seuls s’offrent les grands vivants – de Scott Walker à Mark Hollis.
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