Strip-tease. Une collection d’instrumentaux des Beastie Boys dévoile leur versant apaisé. Easy-listening ?
Depuis longtemps, les Beastie Boys ont choisi d’avoir le cul entre deux chaises afin de ne brider aucun de leurs penchants. Entre l’urgence et l’énergie dévastatrice d’une part, et l’élégance détachée et les mélodies à la coule d’autre part, le groupe refusait de choisir. Et c’est justement cette liberté tous azimuts qui passionne, réjouit et fascine, parce qu’elle pousse ces fortes têtes à de brillantes et perpétuelles expérimentations. Jusqu’au-boutistes incorrigibles et défricheurs multi-talentueux, les Beastie Boys semblent désormais vouloir morceler les différentes facettes de leur travail pour en accentuer l’impact. Ainsi, Aglio e olio mini-album de huit titres sorti il y a quelques mois, véritable concentré de furie punk-hardcore dont les morceaux dépassaient rarement la minute appuyait-il le versant frénétique et bruyant à la Bad Brains-Minor Threat que le groupe adulait à ses débuts, et dont on retrouvait déjà l’écho manifeste sur des titres comme Heart attack man ou Tough guy. Quant aux splendides instrumentaux inspirés qui ponctuaient chacun de leurs derniers albums, ils étaient souvent noyés sous la verve braillarde punk ou rap qui a toujours caractérisé leur approche du micro.
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La « nouvelle » livraison, qualifiée par les grincheux de véritable non-événement, rend enfin justice au versant apaisé du travail des Beastie Boys. Elle regroupe une dizaine d’instrumentaux issus de leurs deux derniers albums, enrichis de deux chutes de studio où l’on remarque par ailleurs l’omniprésence de Money Mark. Résultat : une mise en lumière de ces compositions mutantes aux grooves gracieux, inspiratrices de bien des trip-hopers, et un plaidoyer de charme à l’adresse des nouveaux adeptes du easy-listening et de ceux que l’effervescence tapageuse du groupe continue d’irriter. N’y voir qu’une fumisterie pour payer d’éventuelles parties de golf serait parfaitement déplacé. Les Beastie Boys, énormément piratés (récemment encore avec une compilation similaire d’instrumentaux), ont sans doute voulu éviter à leurs fans de débourser trop gros la compilation Some old bullshit était déjà parue dans cet esprit. Moralité : si vous êtes désargenté, faites l’impasse jusqu’au prochain album du groupe, promis pour septembre. Ces garçons bien sous tous rapports ne vous en tiendront pas rigueur.
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