A force de jouer le zombie, Manson commence à schlinguer le cadavre.
Faute d’être mort les bottes aux pieds, Manson, au vu du style qu’il pratique, risque à terme de finir tout peinturluré en mime Marceau goth, crooner plus très frais. L’ambiance est ici globalement rêche, étouffée, étouffante même.
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Dans des climats froids, entre du NIN en roue libre et du Depeche Mode sibérien, les voix passent du chuchotement au hurlement. Mais, parfois, même la froideur laisse de glace. Hormis peut-être le jouissivement primitif We’re from America, où Manson se souvient qu’il est là pour scander plus que pour susurrer, ces rythmiques comme des escaliers trop raides et ces solos bloqués du dos sont autant de longueurs insupportables – à l’image des neuf minutes de I Want to Kill You Like They Do in the Movies.
Rien à redire : comme pourvoyeur de titres chocs et de slogans réquisitoires, Manson sait encore y faire, et en parsème chaque morceau tel le Petit Poucet ses cailloux. Mais le designer sonore qu’il pouvait être sur Mechanical Animals ou Holy Wood s’efface trop, ici, derrière le camelot de la provoc. Au lieu de sentir le sang encore tiède, son disque, lesté de trop de midtempos ou de semiballades un peu embarrassantes à la Running to the Edge of the World, a déjà le goût faisandé du macchabée.
Guillaume B. Decherf
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