Trois heures de musique, une heure quarante de docu : c’est du lourd. Critique et écoute.
Prétexte idéal à rejoindre le mouvement du “slow listening” – concept qui entend redonner à l’écoute sa valeur temporelle –, ce coffret restitue l’intégralité d’un concert mythique donné à Veneta, dans l’Oregon, le 27 août 1972. A l’origine de l’événement, les difficultés financières d’une crèmerie bio, la Springfield Creamery, propriété de Chuck Kesey, frère de l’écrivain Ken Kesey, l’auteur de Vol au-dessus d’un nid de coucous, qui fut ami du Grateful Dead et parmi ses plus fervents thuriféraires.
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Devant vingt mille fans (“deadheads”), ces rescapés de la scène californienne des années 60 s’acquittent d’une bonne action en livrant l’un de ces shows marathons dont ils ont le secret. Enracinée et spatiale, fusionnant country, blues et folk avec des envolées lyriques à la guitare dans la pure tradition psychédélique, la musique du Dead reste l’accompagnatrice privilégiée de tous les délires cannabiques et lysergiques de l’époque. En témoignent ces images de hippies en plein trip offrant leurs corps nus aux rayons du soleil et au swing hédoniste du groupe. Woodstock n’est pas si loin. Et jusqu’à la disparition du guitariste Jerry Garcia en 1995, le Dead restera le gardien de son esprit.
Pour les initiés, cette parution donne l’occasion de renouer avec ce rock tantôt bucolique, tantôt sinueux, tantrique, odysséen, comme l’illustre ce Dark Star de trente minutes aux confins du jazz modal, du raga indien et du blues, même si l’on doit regretter l’absence de Ron “Pigpen” McKernan, chanteur et harmoniciste, trop affaibli et qui succombera à une cirrhose quelques mois plus tard. Pour les néophytes, c’est le plan rêvé pour une initiation intégrale par le son et l’image à l’une des gestes qui, par l’utopie qu’elle incarne, reste l’une des plus atypiques de l’histoire.
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