Il est des groupes dont les noms semblent avoir été décidés en réunion de marketing, après avoir déterminé le positionnement du produit top-indus-techno-cyber-grave et sa cible les-jeunes-totale-éclate. Il est des groupes, de nos jours, dont la seule fonction semble être de jouer lors des festivals d’été, quand les corps soumis aux effets […]
Il est des groupes dont les noms semblent avoir été décidés en réunion de marketing, après avoir déterminé le positionnement du produit top-indus-techno-cyber-grave et sa cible les-jeunes-totale-éclate. Il est des groupes, de nos jours, dont la seule fonction semble être de jouer lors des festivals d’été, quand les corps soumis aux effets conjugués et désastreux de la bière et du cagnard s’agenouillent pour quémander leur dose d’énergie acceptant leur ration des plus douteux fournisseurs. Il existe des groupes spécialement inventés pour que les vieux se sentent jeunes. Car de Sigue Sigue Sputnik à Atari Teenage Riot, cette bacchanale du n’importe quoi genre : Prodigy jamme avec Henry Rollins pendant que L7 fait pipi par terre fait formidablement bien dans la conversation du quadra qui, comme il porte des jeans et des chaussures Converse, aime bien aussi savoir ce que les jeunes écoutent et tombe systématiquement à côté de la plaque, choisissant toujours ce qu’il comprend le moins, ce qui exaspère le plus ses tympans. Qu’il se rassure : personne n’aimera The Future of war, si ce n’est pour emmerder son père (ou son fils), ou son voisin, par pose, parce que merde, c’est vachement bien-destroy-ça-me-parle-ça-c’est-pas-Fun-Radio. Avant-garde, liberté, émancipation, que de frime commise en vos noms ! Dans une Allemagne qui a pourtant donné au rock d’authentiques terroristes, de drôles et humbles réformateurs, les grandes gueules vides des Berlinois d’Atari Teenage Riot font une peine terrible on n’a jamais fait confiance à ce genre de révolutionnaires de salon, beaucoup plus compte en banque au Luxembourg que Rosa Luxemburg. Car si on était vraiment salaud, on s’amuserait à détailler les paroles de ce manifeste. D’ailleurs, on est salaud : « La plupart d’entre vous n’ont pas d’opinions/La vérité ne vous intéresse pas/90 % d’entre vous ne sont que de la merde », « La guerre est toujours entre l’Est et l’Ouest/C’est le règne de l’argent/Brûlons l’Allemagne » ou « Votre argent est couvert de sang/Nous sommes extrémistes et fiers de l’être/Essayez de penser international. » Comme des Sex Pistols, mais à eau tiède, les pistolets.
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