Fidèles à leur écriture magistrale, les Go-Betweens se reforment dix ans après pour un album où cohabitent toujours miraculeusement mélancolie et allégresse. Les Go-Betweens ont toujours eu ce don particulier de raconter des histoires minantes le sourire aux lèvres jovial Grant McLennan , la présence ténébreuse et envoûtante théâtral Robert Forster et […]
Fidèles à leur écriture magistrale, les Go-Betweens se reforment dix ans après pour un album où cohabitent toujours miraculeusement mélancolie et allégresse.
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Les Go-Betweens ont toujours eu ce don particulier de raconter des histoires minantes le sourire aux lèvres jovial Grant McLennan , la présence ténébreuse et envoûtante théâtral Robert Forster et la guitare trompeusement légère. De l’histoire horrible des Clarke sisters à celle de la trentenaire déprimée de Right here (a-t-on jamais entendu de paroles aussi terribles que cette ligne féroce « I know you’re 32 but you look 55 » « Je sais que tu as 32 ans, mais tu as l’air d’en avoir 55 » ?), en passant par une escouade de veuves, solitaires, déprimés, abandonnés, amoureux désolés, les Go-Betweens, ont régulièrement pactisé avec la mélancolie depuis 1978. Pourtant, loin de la complaisance musicale languide qui va souvent de pair avec la neurasthénie des paroles, ils n’ont eu de cesse d’atteindre la corde sensible en privilégiant l’accord majeur, de mettre en scène leur romantisme sur des musiques réconfortantes et cosy, voire enjouées. Leur retour au bercail après douze ans de cheminements solos est très similaire à leurs chansons : au fond un peu déprimant, mais également très réconfortant. Un peu déprimant parce qu’après plus d’une décennie, on les retrouve là où on les avait laissés. Pas de souffle nouveau, pas d’invention musicale extraordinaire, rien. Même alternance de voix berçantes et familières, mêmes guitares claires, mêmes mélodies pop artisanales et presque désuètes, même joliesse. The Friends of Rachel Worth aurait pu être écrit en 1989, successeur direct de 16 Lovers Lane. Si tel avait été le cas, on aurait fait la fine bouche. Normal : succéder dignement à un chef-d’œuvre n’est pas chose aisée. Mais impossible de laisser un cynisme facile obscurcir la joie de les retrouver identiques. Et là est le réconfort : de l’allégresse de The Clock, à la lassitude étrange de He lives my life ou When she sang about angels, on navigue en plein bonheur et en terrain connu. Et on s’aperçoit qu’on aime toujours ça. Magic in here, premier titre de l’album, annonce d’emblée « I don’t wanna change a thing when there’s magic in here » « Je ne veux rien changer tant qu’il y a là de la magie. » Ce à quoi on leur répondra histoire de les rassurer, d’effacer leurs doutes sur les rapports entre modernité, évolution et constance, s’ils en ont par leurs propres mots de 1984. Par la plus belle phrase de Bachelor kisses, « Don’t believe what you’ve heard, « faithful » ‘s not a bad word » « Ne crois pas ce qu’on t’a dit, « fidèle », ce n’est pas un gros mot. »
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