The Fall a presque 40 ans mais reste en colère et résolument à part. Critique.
Mark E. Smith devrait avoir pour prénom Jean-Pierre : de Mocky à Bacri, c’est celui de la colère qui dure, du courroux qui court. Mark E. Smith, donc, seul membre de The Fall à avoir supporté si longtemps son irascible compagnie aux commandes de ce vaisseau déglingué, impétueux, depuis trente-sept ans, presque autant d’albums (et de labels !). Une vie entière au service de la chanson postillonnée, du verbe éructé, de la mélodie suppliciée.
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Ça en fait, des litres de bile et d’acide dans lesquels tremper encore et toujours, au mépris de l’âge et de la carrière, une plume lourde comme le plomb, noire comme la nuit mancunienne. Pour cette obstination, cette rigueur, il est un héros, quels que soient ses disques. Son chant cassé a inventé une incompétence guerrière qui, de LCD Soundsystem à Art Brut, continue d’éperonner la pop.
Parfois, The Fall revient même avec un album de ce rock’n’roll primitif, ulcéré, nécessaire pour tabasser l’époque – c’est le cas de ce Re-Mit, qui fait suite à un an de silence, une éternité pour ce Stakhanov du Molotov. Car avec un groupe stabilisé depuis 2008 – un record –, il renoue avec son rock acide, ses hypnoses belliqueuses, son psychédélisme concassé, avec ses bruits noirs à peine agencés en chansons. Et qu’il est bon de manger ce verre pilé.
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