Un disque en couple, en douce, sent généralement le bonheur pastoral, la tension relâchée, la paix domestique. Mais on est ici chez Ian McKaye, fondateur du label Dischord, étalon de l’intégrité punk et de la conscience straight edge, toujours droit dans ses bottes et sa dignité après toutes ses campagnes d’activisme, de Minor Threat à […]
Un disque en couple, en douce, sent généralement le bonheur pastoral, la tension relâchée, la paix domestique. Mais on est ici chez Ian McKaye, fondateur du label Dischord, étalon de l’intégrité punk et de la conscience straight edge, toujours droit dans ses bottes et sa dignité après toutes ses campagnes d’activisme, de Minor Threat à Fugazi.
Et le bucolique a été prié de rester hors de ce qu’on pourrait malgré tout décrire comme du folk exaspéré, tendu, inquiet. Pourtant, aussi bien McKaye que sa charmante batteuse Amy Farina (des épineux Warmers) ont ici mis beaucoup d’eau dans leur vin ? mais leur vin était acide, agité, dangereux. Dans les sous-bois et campagnes généralement fréquentés par le folk, McKaye ne peut s’empêcher d’imposer tornades et nuages menaçants.
Car même si on le sent ici laid-back comme jamais, lui et sa guitare demeurent sur le qui-vive, agitant de curieuses chansons atmosphériques et mixtes, nettement plus proches du minimalisme chatoyant des Young Marble Giants ou des Raincoats que de l’électricité ascétique de Fugazi. « Nous nous sommes assis et nous avons écouté les arbres« , chante-t-il sur Shelter Two. Plus que le gazouillis des oiseaux, on le soupçonne d’avoir attendu la foudre.