Rarement chanson aura paru aussi bien nommée : au paradis de la perfection pop, une mélodie d’outre-nuages comme God Answers Back mérite de folâtrer en compagnie de celles de Ron Sexsmith. Syndrome Steely Dan aidant, on se méfie pourtant des songwriters lettrés ayant dégoté le nom de leur groupe dans les pages retorses du Festin […]
Rarement chanson aura paru aussi bien nommée : au paradis de la perfection pop, une mélodie d’outre-nuages comme God Answers Back mérite de folâtrer en compagnie de celles de Ron Sexsmith. Syndrome Steely Dan aidant, on se méfie pourtant des songwriters lettrés ayant dégoté le nom de leur groupe dans les pages retorses du Festin nu de Burroughs. Chez lui, Clem Snide exerce la profession de « Private Ass Hole » ? et on écoute d’un tympan circonspect les paroles de ce cinquième album. Sous des arrangements rieurs et des guitares au trémolo californien se dissimulent dans les textes de Barzelay un assortiment de pédophiles reprenant en chœur le You’ve Got a Friend de James Taylor ou de tueurs en série ayant pour livre de chevet L’Attrape-Cœur de Salinger.
En dotant de pareils fans deux des plus célèbres orfèvres en sensibilité adolescente d’Amérique, Barzelay étripe la bien-pensance et trépane l’altruisme. Pourtant, l’émotion sort renforcée de cet assortiment de sévices : parée de chœurs enfantins comme on n’en avait pas entendu depuis le The Kids sur le Berlin de Lou Reed, une élégie pour diva de soap-opera rappelle qu’entre des mains expertes la perversité peut être bouleversante (Made for TV Movie). Car The End of Love compte parmi ces rares albums capables de simultanément essorer le cœur et faire carburer la cervelle ? et garantit au panthéon des pères fouettards une place de choix à ce Barzelay à la plume barbelée.