Le premier album des anglo-américains de The Earlies, These were The Earlies, est enfin dignement distribué en France. L’occasion pour nous d’aller leur poser quelques questions et de vous proposer, pour mieux les découvrir, un mix d’une heure à forte teneur psychédélique ainsi que le très beau clip de leur morceau Morning Wonder.
These Were the Earlies est un titre d’album qui brouille les pistes : malgré la formule au passé, les Earlies ne se sont pas séparés après sa sortie. Ils donc sont toujours d’actualité et forment même un groupe très ancré dans le présent, mélange psyché de bidouilles électroniques derniers cris et de pleins d’autres instruments plus classiques, qui les fait ressembler à un croisement réussi entre Flotation Toy Warning et les Flaming Lips. Sur scène, les Earlies sont onze, mais ce jour-là, ils étaient deux. Et ils riaient beaucoup.
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Afin d’accompagner cette interview, découvrez en écoute un mix intitulé Test Transmission réalisé par le groupe et en vidéo le clip du morceau Morning Wonder.
Comment vous êtes-vous rencontrés ?
Giles Hatton : John Mark travaillait dans un studio à Manchester et nous faisait entrer en douce la nuit, gratuitement. On aimait la même musique, mais j’écoute des choses plus psyché folk, et lui plus d’électro : avec les Earlies, on a combiné les deux.
Mais la moitié du groupe vit au Texas et l’autre en Angleterre, comment ça a marché ?
John Mark Lapham : J’ai rencontré Christian et Giles en Angleterre en 96, et Brandon au Texas en 99. On habite tous les deux dans un désert culturel donc si t y rencontres quelqu’un qui a les mêmes goûts que toi, tu t’accroches ! A cette époque, les compositions étaient presque finies, il les a écoutées, a ajouté sa touche, et ça a donné les Earlies.
Comment faites-vous pour écrire vos chansons à distance ? Par internet ?
JM : Non, surtout par la poste ! Avant qu’on soit signés, je ne restais en Angleterre que par bribes parce que la vie y est trop chère ! Quand j’étais sur place, on écrivait ensemble, mais on a appris à travailler à distance et ça n’a jamais posé problème.
Giles : L’intérêt, c’est qu’on peut écrire chacun dans notre coin, sans faire de compromis. Personne ne commande. Le suivant reprend les idées qu’il aime et ajoute ce qu’il veut. Ca permet une musique plus variée.
C’est un processus un peu compliqué, non ?
Giles : Oui, mais on s’en est rendu compte avec le recul ! Comme quand tu grandis et que tu te rends compte que ta famille est super bizarre, alors que tu a toujours cru qu’elle était parfaitement normale (rires) !
John Mark : Ca n’aurait pas marché autrement. En fait, on écrivait sans penser à faire un album, on ne savait pas que ça deviendrait les Earlies.
Giles, tu as rencontré Brandon pour la première fois juste avant de partir en tournée, ce n’était pas étrange ?
Giles : C’est vrai, je ne l’ai rencontré qu’une fois l’album presque terminé. J’espérais vraiment qu’il ne soit pas trop con (rires), mais tout s’est bien passé ! Aucun moment bizarre, la seule chose bizarre finalement, c’est Brandon lui-même (rires) !
Deux d’entre vous sont Texans et deux autres anglais, ressentez-vous des différences culturelles ?
Giles : Au début, Brandon aimait bien l’Angleterre Il adore l’alcool et le curry donc tout allait bien ! Mais il a du s’installer six mois et là, il a détesté !
JM : Quand je suis venu en Angleterre, c’était pour une année de fac et moi aussi, j’ai détesté. Brandon n’avait jamais quitté le Texas, son quartier était pourri, la vie était chère. Et puis il a des attaches au Texas, une femme, etc. Je le comprends, si je n’avais pas été obligé de rester un an, je ne m y serais pas habitué.
Vos influences ?
Giles : Beaucoup de musiques de films’ John Carpenter, Ennio Morricone, des films d’horreur italiens’ On est très attaché au côté visuel : on veut que nos packagings soit jolis et que nos disques aient quelque chose de précieux.
Entre la sortie de vos premiers vinyles autoproduits et votre signature sur un label, il s’est passé du temps, non ?
Giles : Oui, c’était déprimant, on passait notre temps à demander aux gens de nous écouter.
JM : Avant que tu sois signé, c’est fou comme les gens peuvent te regarder de haut. Nos vinyles étaient distribués par quelques magasins ; quand on les appelait pour savoir s’ils en vendaient, on nous raccrochait presque au nez ! Heureusement, deux boutiques nous ont sauvés : Piccadilly Records à Manchester et Rough Trade Shop à Londres. Quand elles ont élu Song for #3? Single de la Semaine, les maisons de disques ont commencé à nous appeler et on a signé chez 679 Recordings car l’un des vendeurs du Rough Trade Shop y est directeur artistique.
Giles : Tous les groupes devraient faire ça pour trouver une maison de disques: autoproduire leurs singles et les mettre en vente dans ce genre de boutique.
Mais ce genre de magasin n’existe pas en France
Giles : Alors venez en Angleterre ! Mais n’attendez pas que ça vous tombe dessus !
Pourquoi donner un titre au passé à votre album, These WERE The Earlies ?
JM : Parce qu’aujourd’hui, on déteste viscéralement toutes ces chansons et qu’on voulait les mettre derrière nous (rires) !
Giles : Mais non !… On est juste un groupe progressif : quand l’album a été achevé, c’était déjà du passé. On entrait dans une nouvelle « ère » !
JM : Au début, quand on a proposé ce titre à 679 Recordings, ils étaient dans tous leurs états : c’était du suicide commercial, les gens allaient croire que le groupe s’était séparé, la presse n’allait pas comprendre et notre carrière serait finie avant d’avoir commencé ! Rien que ça !
Aujourd’hui l’album sort enfin en Europe chez EMI
Giles : Plus besoin de le télécharger sur Internet, vous pouvez l’acheter ! C’est super !
Vous sentez une différence entre le monde des labels indépendants et des majors ?
Giles : Je pense qu’on nous laissera relativement tranquille tant qu’on n’aura pas trop de succès ! Mais si on en vend trop, ça sera la fin ! Ils nous couperont les cheveux, nous mettront au régime et engageront des danseurs pour nos concerts (rires)?
JM : Le bon côté, c’est qu’on est signés sur trois labels différents pour l’Angleterre, l’Europe et les Etats-Unis. Ca nous permet d’avoir trois catalogues entiers de disques gratuits (rires) !
Qui dessine vos pochettes ?
Giles : Rina Donnersmarck, une artiste allemande qui vit à Londres. On adore ce qu’elle fait et apparemment, on n’est pas les seuls : on a même eu un mail d’un mec qui s’est fait tatouer les dessins des Earlies sur le corps ! C’est cool mais ça fait peur (rires) !
De quoi êtes-vous les plus fiers aujourd’hui ?
Giles : Juste d’avoir sorti cet album, qu’il soit fini, en magasin, et que les critiques soient bonnes.
JM : Et moi, j’aime beaucoup le clip de Morning Wonder , on a fait les animations sur un ordinateur pourri et pourtant, ça rend vraiment bien’
Avec l’aimable autorisation de LABELS
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