Désormais projet solo de Jonny Pierce, The Drums revient avec un quatrième album qui cache ses névroses derrière des airs guillerets. Un retour à l’esthétique originelle du groupe, en somme.
Salut, ça va ?
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Jonny Pierce – Ça va ! Je suis excité à l’idée d’entamer ce nouveau chapitre du groupe. Ça fait trois ans que le dernier album est sorti. C’est trois ans de vie. Beaucoup de choses se sont passées. Je suis content de pouvoir enfin en parler.
Raconte…
Alors… J’ai quitté New York, je suis parti vivre à Los Angeles, et puis je suis revenu à New York. J’ai vécu une rupture amoureuse très difficile. J’étais vraiment très amoureux. Je pensais que j’allais passer ma vie avec ce mec… Quand notre relation a commencé à s’ébranler, on a essayé de trouver un nouveau souffle à L. A., car notre vie était profondément ancrée à New York. On pensait que L. A. serait un nouveau départ, mais les choses n’ont fait qu’empirer. Nous avons fini par rompre. Je me suis alors enfoncé dans une profonde dépression. J’ai cru devenir fou. Et tout ça est arrivé pendant que je commençais à travailler sur le nouvel album.
The Drums a toujours exprimé une certaine tristesse derrière ses apparences insouciantes. Ce n’est pas nouveau.
Et c’est peut-être une bonne chose, au final. Ma musique m’a toujours permis de déverser cette peine et d’écrire des chansons très vraies. J’ai passé un an à Los Angeles pour faire la première moitié de ce nouvel album que j’ai titré Abysmal Thoughts. Et puis j’ai craqué, je suis retourné vivre à New York : le soleil californien était devenu synonyme de tristesse à mes yeux. En rentrant à New York, je me suis trouvé une cabane à la campagne. J’y ai installé mon studio et j’ai terminé l’album comme ça. Mais la deuxième moitié des chansons est devenue une sorte de reflet de mon année à Los Angeles. J’y ai juste ajouté un peu d’espoir pour essayer de formuler une nouvelle vision de moi-même.
Jacob, ton binôme dans le groupe, a quitté le navire. Ça aussi, c’était dur ?
Jacob était très important pour moi. Il m’a juste écrit un mail, un jour, pour me dire qu’il avait adoré faire partie de ce groupe, mais que ce n’était plus le cas. Il ne voulait plus faire les tournées et tout ce que ça implique. On est toujours amis. On s’envoie des mails. Mais c’est bizarre de passer à une relation comme ça après avoir partagé son quotidien pendant si longtemps avec quelqu’un. Bref, on peut dire que ces trois années ont été marquées par les gens que j’ai perdus. Je crois que je pourrais faire dix albums avec ce que j’ai vécu durant cette période !
Es-tu d’accord pour dire que cet album marque un retour aux premières sonorités du groupe ?
Les premiers retours que j’ai eus allaient dans ce sens. Et si on fait une comparaison avec le précédent album, je suis assez d’accord. Encyclopedia (le troisième album du groupe – ndlr) était plus tortueux, plus bizarre. Jacob est obsédé par les synthés analogiques ! Je l’ai laissé faire. Là, j’ai retrouvé une totale liberté. Un peu comme sur le premier album, en fait, que j’avais écrit et enregistré à 90 %. La chanson Let’s Go Surfing, par exemple, c’est entièrement moi. J’avais presque fini par oublier à quel point j’étais à l’œuvre dans ce groupe. Je laissais les autres revendiquer un peu ce qu’ils voulaient. En me retrouvant seul pour de bon, j’ai pu lâcher les chiens. Mais l’idée de base n’a pas changé : je veux toujours faire de belles pop songs qui viennent du cœur. Ça peut paraître cheesy, mais ce n’est pas plus compliqué que ça.
Quelle est la nouveauté, alors ?
Je me suis enfin senti capable de parler de sexe et de drogue. Je suis allé plus profondément dans la noirceur. Et, paradoxalement, il y a un vrai sentiment de fraîcheur dans cet album. Je n’aurais pas pu faire ça avec Jacob… La pochette non plus, il ne m’aurait pas laissé faire !
On y voit le mannequin Keon Smith, ton nouveau mec.
Oui, et il renifle mes vieilles baskets en se touchant !
Tu n’as jamais pensé à sortir un album sous ton nom et à laisser tomber The Drums ?
Si, bien sûr. D’ailleurs, j’ai déjà fait un album solo mais il n’est jamais sorti. C’était en 2012, je crois. Il devait sortir avec Kitsuné. On a même signé un contrat… C’est un disque très électronique et très pop. Mais j’ai paniqué au dernier moment. The Drums était une priorité pour moi à l’époque. Je n’étais pas prêt. Je le sortirai peut-être un jour… dans trente ans !
Album Abysmal Thoughts (Anti-/Pias) disponible le 16 juin
Concert le 20 septembre à Paris (Gaîté lyrique)
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