La chanteuse Anglaise a sorti cet été « The Dreaming Room ». Elle est en concert cette semaine.
Révélée il y a trois ans par Sing to the Moon, Laura Mvula donnait l’impression d’aborder la soul comme peu de chanteuses avant elle, si ce n’est d’anciennes majestés comme Minnie Riperton. Certains affublèrent sa musique de la séduisante étiquette “gospeldelia”, que la native de Birmingham aura elle-même validé en reprenant récemment New Person, Same Old Mistakes de Tame Impala à la radio.
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Rihanna l’avait précédée, s’appropriant le titre sur Anti, faisant des Australiens les nouveaux doudous des frondeuses nu-soul. Mais Laura le confesse volontiers :
“Je ne suis ni Rihanna, ni Beyoncé, ni un homme, et quand un chauffeur de taxi me demande de définir ma musique, je me retrouve assez désarmée. Je réponds juste que j’écris mes chansons.”
« Je n’étais pas préparée à parcourir le monde »
Pas d’armée de songwriters et de producteurs derrière cette femme de tête de l’Angleterre urbaine, qui a grandi dans la foi et la musique classique, bifurquant vers le jazz puis la pop comme on slalome hors des clous du destin.
“Dans mes rêves les plus fous, je m’imaginais devenir une musicienne connue localement, voire nationalement, mais je n’étais pas préparée à parcourir le monde, ni à l’idée que des gens achèteraient mes disques au Japon.”
Elle admet avoir eu du mal à redescendre sur terre après le tourbillon du premier album, dont le succès surprise a eu pour effet collatéral de faire voler son couple en éclats. Il est beaucoup question de cette rupture tout au long de The Dreaming Room, second album encore plus explosif et extatique que le premier, qui colmate les blessures intimes par une extravagance orchestrale et des chorales en lévitation.
Électrisant et magnétique
Sujette à des crises d’anxiété aiguës qui ont failli lui faire renoncer à poursuivre sa carrière, Laura Mvula a retrouvé l’énergie en s’enfermant notamment dans le studio Electric Lady de New York. Un nom qui résonne à merveille avec ce nouvel album électrisant et magnétique, visité par quelques légendes de la six-cordes (Nile Rodgers sur le très “Get Lucky” Overcome, John Scofield), les autres cordes majestueuses ayant été fixées à Londres avec le London Symphony Orchestra.
Malgré ses diplômes du Conservatoire, notamment en composition et orchestration, Laura Mvula végétait comme réceptionniste avant d’être repérée via des demos enregistrées sur son ordinateur et envoyées aux labels comme des bouteilles à la mer. Quelques années plus tard, telle une Cendrillon moderne, elle incarnait son héroïne absolue, Nina Simone, pour la BBC.
« Le désir d’être invincible »
Flippée malgré tout à l’idée que le carrosse d’or de Sing to the Moon se métamorphose subitement en citrouille, elle aura une fois encore suivi l’étoile de Nina :
“Lorsqu’on lui demandait ce que signifiait pour elle la liberté, elle répondait ‘ne pas avoir peur’. Cette absence de craintes m’a fait avancer vers ce désir d’être invincible, notamment en oubliant toutes mes inhibitions lorsque je suis sur scène.”
A vérifier cette semaine dans le plus bel écrin qui soit, la Philharmonie de Paris, où elle devrait sans peine justifier le titre qui termine en feu d’artifice The Dreaming Room : Phenomenal Woman.
concert le 10 septembre à Paris (Philharmonie)
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