Dénichés par une compilation CQFD, les Toulousains The Dodoz ont pris le temps de dompter leurs décharges électriques. Avis de court-circuit incandescent.
C’est devenu le pari de passionnés à travers le monde : faire revivre le dodo. Déjà amoureusement parrainé par Lewis Carroll dans les aventures d’Alice, l’oiseau dodu du Pacifique, disparu dans les années 1680, donne son nom en 2005 au groupe californien The Dodos, fabuleux sorciers d’un folk pétillant. Au même moment, des collégiens de Toulouse, en plein contrôle d’anglais, s’amusent de ce mot et décident, pour se démarquer, de faire l’accord au pluriel avec un z (qui veut dire zébulons ?). Premières étincelles.
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Début 2006, alors qu’ils sont lycéens, leur Monster est sélectionné sur la compilation CQFD et vole dans les plumes du reste de la distribution, Bat For Lashes ou Rock&Roll compris. On découvre alors un quatuor visiblement biberonné au rock new-yorkais, des mélodies architendues de Television aux tourments austères d’Interpol. Ils se font repérer aussitôt par le producteur écossais Peter Murray, qui les signe illico sur son label. “Il était le seul à ne rien vouloir changer en nous, explique le guitariste Jules Cassignol. Avant lui, certains voulaient nous signer à condition de nous remodeler : changer notre style musical, notre nom, ou nous faire chanter en français.” Ils font preuve de la même ténacité en pleine déferlante babyrockers, dont plusieurs groupes sont aujourd’hui revenus au lycée la queue entre les jambes (dur, avec un slim…), après quelques mois de surexposition.
Ce qui distingue les Dodoz des autres musiciens de leur âge (tout juste 20 ans), c’est un mélange de guitares explosives mais posées, de rythmique qui peut cavaler à bout de souffle mais se calmer juste avant de s’essouffler. Qui dit précoce ne dit pas forcément bâclé : les Dodoz ont su prendre le temps de sortir du nid, de développer leurs compositions et leurs concerts, et accessoirement de passer le bac, en attendant patiemment le Graal pour toute cette scène underage – avoir 18 ans. Chanteuse et bassiste, Géraldine Baux a ensuite jonglé entre le groupe et la fac de médecine, où elle a probablement eu de très bonnes notes en matière d’électrochocs, de tachycardie et d’états fiévreux.
Dans leur premier album éponyme, très homogène malgré son enregistrement en deux temps à plusieurs mois d’intervalle, on retrouve les Dodoz à la fois survoltés et pourtant posés, s’arrêtant toujours avant l’épilepsie. D’un bout à l’autre, ils alimentent le brasier en y jetant en vrac d’incontestables tube (Do You Like Boys?, Bet, Werewolf in Love), sans aucun moment de répit, avec en fil rouge la voix limpide de Géraldine. Que peuvent-ils bien fêter avec un tel feu d’artifice ? Peut-être la nouvelle que des chercheurs anglais essaient de reconstituer l’ADN du dodo, avec le fol espoir de redonner vie à l’espèce.
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