A force de concerts grandioses, quatre trublions de Philadelphie s’apprêtent à entamer une idylle avec les stades du monde entier. Rencontre, critique et écoute.
Il ne faut pas se fier au matraquage médiatique dont The Districts risquent de bénéficier en Europe, et qui les ferait passer pour une pâle copie de Cold War Kids, des Black Keys ou des Strokes. Mieux vaut se concentrer sur la mélodie pour découvrir la puissance de ces quatre jeunes musiciens, qui s’assoient bien fort sur un supposé héritage qu’ils ne revendiquent d’ailleurs pas.
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“Les deux premiers albums de Cold War Kids sont vraiment géniaux, résume Connor Jacobus, le bassiste de ces hobos électriques. Mais je ne dirais pas qu’ils nous ont influencés. De même pour les Black Keys. On aime leur musique, mais on ne veut pas les copier.”
Le propos est recevable et cerne précisément les enjeux esthétiques soulevés par ces Américains qui semblent assumer parfaitement leur indocilité, leur goût pour un blues-rock d’un autre temps et la versatilité de leurs humeurs. Du rock espiègle de Peaches au blues désoeuvré de 4th and Roebling, en passant par les guitares mal peignées de Sing the Song et les troublants faux calmes (Heavy Begs, Hounds), on trouve donc de tout dans A Flourish and a Spoil, un premier album sans concessions ni complexes, entre fougue et délicatesse, légèreté et profondeur. Adeptes des rythmes primitifs, les quatre branleurs coupent même l’électricité, domptent leur fougue, se privent de la furie sur quelques titres d’où émergent de fines observations sur “ces petites choses du quotidien qui se développent avant de s’effondrer”.
Né d’une rupture – avec l’adolescence et son innocence, mais aussi avec le guitariste Mark Larson –, A Flourish and a Spoil, composé et enregistré à l’origine en autoproduction, doit également beaucoup au label Fat Possum, qui conseilla à Connor et sa bande de se tourner vers un producteur expérimenté pour ordonner le souffle épique et nonchalant de ces pop-songs potentielles. Ce sera John Congleton, “parce que les albums qu’il a produit pour St. Vincent ou les Walkmen nous fascinent”.
C’est dans son studio perdu au milieu des bois et cerné par une horde de dindons sauvages qu’ont été confectionnés ces dix nouveaux morceaux pétris d’insolence, de malice et de canaillerie. Alors bien sûr, le groupe flirte parfois avec le grandiloquent mais fascine par cette aisance à mettre en forme des mélodies à la fois teigneuses et décontractées sur les débris d’une vaste collection de vinyles héritée des sixties. Avec comme point d’orge Young Blood, tube miné et éreinté, étiré sans complexe sur plus de huit minutes jouissives et bancales.
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