The Craft

Après un premier album directement rangé au rayon des classiques, l’inusable Nia, Blackalicious avait pondu une suite un peu embarrassante, le pharaonique Blazing Arrow, sorte de tentative foirée de ravalement de la façade hip-hop, avec Zach De La Rocha, Ben Harper ou Vincent Ségal (M, Bumcello) en maçons de luxe. D’où une inquiétude légitime au moment de découvrir ce troisième disque, The Craft, d’autant plus légitime que ses auteurs eux-mêmes (Chief Xcel le producteur, Gift of Gab le MC) n’avaient de cesse juste avant sa sortie de le présenter comme une tentative d’explorer des pistes ouvertes par les Beatles et Jimi Hendrix, tout en marchant sur les traces de Public Enemy, N.W.A ou A Tribe Called Quest

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Alors melonite aiguë ? Trop d’herbe ? C’était pour rire ? Reste qu’à l’écoute du disque on se rend vite compte que le cahier des charges est loin d’être rempli et, finalement, tout ça n’est pas plus mal : The Craft, appréhendé loin des déclarations fracassantes, est un disque étonnamment profil bas, qui parvient à groover de côté sans frôler le bouillon (notamment sur le génial Powers, tube digne du meilleur OutKast). Ni faussement novateur, ni trop porté sur la courbette vintage, c’est un honnête disque de transition, l’opportunité de reprendre contact avec ces gars peut-être trop vite passés dans le camp de ceux qui auraient pu.

C’est aussi un joli fourmillement de collaborations, exploitées avec une certaine justesse, parmi lesquelles le fidèle Latyrx, le toujours libre Sébastien Martel, mais aussi le grand George Clinton, dont le célèbre slogan Libère ta tête et tes fesses iront mieux résume ce qu’on a envie de dire à Blackalicious.