Si longtemps le rêve américain se fabriqua dans les studios d’Hollywood, c’est sur les planches de Broadway que naissaient les chansons les plus enjouées, reprises et fredonnées par tout le monde. Fortes de leur succès au théâtre, les comédies les plus appréciées partaient pour le cinéma… à Hollywood. C’est ainsi que l’un des premiers maîtres […]
Si longtemps le rêve américain se fabriqua dans les studios d’Hollywood, c’est sur les planches de Broadway que naissaient les chansons les plus enjouées, reprises et fredonnées par tout le monde. Fortes de leur succès au théâtre, les comédies les plus appréciées partaient pour le cinéma… à Hollywood. C’est ainsi que l’un des premiers maîtres du genre, Florenz Ziegfeld et ses Ziegfeld follies opulentes et grisantes où on levait la cuisse tous en choeur, comme à l’armée, mais un peu plus haut et dénudée , connut dès les années 20 un triomphe sans précédent, repris par le cinéma. Mais ce qui n’était qu’une suite de ballets destinés à distraire une clientèle de consommateurs avides se transforma progressivement en romances héritées de l’opérette viennoise, sans réelle conscience sociale : le petit peuple était courageux dans l’adversité et le riche, super-gentil c’était là les limites du genre. Les chansons réunies dans ce triple album ont le mérite de refléter cet esprit. Plusieurs d’entre elles se révèlent aujourd’hui insipides et sans grand intérêt ; c’est un sirop visqueux qui colle aux dents et, démentant la réputation de professionnalisme de ces entreprises du bonheur, certains chantaient comme des casseroles ! Heureusement, la grande majorité des enregistrements retenus témoigne de la qualité des compositeurs et des interprètes. En tête, Gershwin lui-même au piano, épaulant à l’occasion Adele et Fred Astaire a créé des comédies qui jouissent encore aujourd’hui d’une réputation solide et justifiée, avec Lady be good, Oh, Kay!, Funny face, Girl crazy et Porgy & Bess. Irvin Berlin, chanté par la terre entière, est ici magnifiquement représenté avec les Ziegfeld follies of 1919, The Coconuts, Face the music, As thousands cheer, le très patriotique This is the army (en 42…) et Annie gets your gun, tout comme Cole Porter et ses inoubliables Gay divorce, Anything goes, Jubilee, Red, hot and blue, Leave it to me, Dubarry was a lady, Panama Hattie et Seven lively arts. Il ne faut pas oublier non plus les airs entêtants de Jerome Kern, dont ceux pour Show boat en 1927, ni les comédies pour Broadway de Kurt Weill Knickerbocker holiday, Lady in the dark et One touch of Venus. A savourer en priorité, les voix d’Helen Morgan, Judy Garland, Dina Shore, Adele et Fred Astaire, Bill Robinson, Eddie Cantor, Jimmy Durante et… Jean Sablon.
The Broadway musical, Coffret 3 disques (1918-1946) (Chansons Cinéma/Iris Musique 5, passage Saint-Sébastien 75011 Paris)
Franck Mallet
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