Rencontre avec Anton Newcombe, fondateur et unique membre permanent de The Brian Jonestown Massacre, qui continue encore et toujours à proposer un rock envoûtant et sans compromis.
Il est assez rare qu’un groupe sorte un album tous les ans durant des lustres sans tomber dans la répétition, voire la routine – le pire ennemi du rock’n’roll. The Brian Jonestown Massacre (BJM pour les intimes) ne fait décidément rien comme tout le monde. Alors que tant d’autres artistes de sa génération ne parviennent plus à surprendre, Anton Newcombe, 51 ans, n’en finit pas d’éblouir. Ce leader intransigeant en a donné la preuve en septembre dernier, à La Cigale, en magnétisant son public à coups de guitares psychédéliques et d’échos new wave à la Echo & The Bunnymen – un artiste peut toujours surpasser son âge d’or.
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« Quand je travaille en studio, je suis heureux. »
Pendant ce concert habité, on a eu la chance de découvrir des extraits du nouvel album de BJM (en particulier le pénétrant We Never Had a Chance). On les retrouve donc aujourd’hui sur ce dix-huitième opus, qui sort à peine neuf mois après le précédent. “Je ne teste pas ces morceaux en live, précise Anton. J’ai juste envie de les partager.” On lui demande s’il a l’impression d’atteindre son but avec chaque nouvel album : “Non, jamais.”Il poursuit : “Quand je travaille en studio, je suis heureux. Parfois, quand je ne fais rien, je me sens comme un connard qui a plein d’outils devant lui et qui ne s’en sert pas. J’aimerais être plus productif.” On connaît pourtant des dizaines de groupes qui rêveraient d’atteindre son niveau d’exigence et de créativité.
Toujours plus loin
Enregistrées et produites dans le studio berlinois d’Anton début 2018, ces neuf chansons se classent directement parmi celles que l’on prévoit d’écouter en boucle dans les mois à venir, de l’énergique Drained en introduction à l’efficace What Can I Say en conclusion, en passant par la ténébreuse Tombes oubliées, sur laquelle flotte la voix céleste de la chanteuse Rike Bienert. “Je suis ici pour aller toujours plus loin jusqu’à ce que j’arrête, lâche Anton. Je ne compte plus le nombre de fois qu’un truc soi-disant important tombe dans l’oubli, ou à l’inverse, des trucs auxquels personne ne s’intéresse sur le moment qui deviennent importants aujourd’hui. Je fais ce que j’ai à faire. Je veux faire des choses géniales dans ma vie.” Il continue sur ce ton sibyllin :
“Je suis à la recherche d’un vaste spectre d’émotions humaines qui traversent le temps, plutôt que de courir après les hits. Une idée met parfois plusieurs années avant de finir par trouver son public. C’est super de devenir un artisan, mais la magie réside dans l’inconnu.”
On essaie de comprendre dans quel état d’esprit il a enregistré ces titres impressionnants. “Honnêtement ? Je ressentais un amour immense et une tristesse infinie, deux extrêmes si éloignés que c’est difficile à décrire.” On se contentera de l’écouter avec plaisir sur ce nouvel album de rock intense et foudroyant.
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