Les américains de The Books révèlent la face humaine de leurs expérimentations lors d’une Soirée Nomade des plus réussies.
Le 10 février, c’est avec une certaine idée en tête que l’on s’est rendu à la Fondation Cartier pour assister au concert des américains de The Books dans le cadre d’une Soirée Nomade. Et si ce duo, propulsé au devant de la scène d’avant-garde new-yorkaise sur la foi d’une critique dithyrambique dans The Wire, la bible anglaise des musiques « compliquées », n’était au final qu’un « simple » groupe de folk ?
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Au beau milieu de l’impressionnante exposition dédiée aux sculptures siliconées de l’australien Ron Mueck, entre un géant barbu nu et un couple lilliputien couché en chien de fusil, Paul de Jong et Nick Zammuto paraissent désespérément normaux. Un peu une version moderne de Simon & Garfunkel.
Alors que l’amateur des click & cut du duo aurait pu s’attendre à voir deux laborantins en train de tripatouiller leur e-book, c’est à la guitare (acoustique s’il vous plait) et au violoncelle, tout juste aidé par quelques bandes enregistrées, que The Books retranscrit sa musique soudainement bien plus classique.
Les abstractions ludiques de leurs trois albums sortis sur le label Tomlab (Thought of food, The Lemon of Pink et le petit dernier Lost & Safe) sont bien loin : les arpèges complexes et la voix discrète de Nick renvoient au meilleur du folk anglais, tandis que le violoncelle de Paul amène un peu de cette exubérance qui la fait la richesse des harmonies du duo. Et c’est n’est pas cette humble reprise du merveilleux Cello Song de Nick Drake, jouée en guise de rappel, qui nous contredira.
Aux vidéos ineptes projetées sur un écran géant situé derrière la scène, on préférera jeter des œillades fréquentes aux sculptures de Ron Mueck. Leur incroyable présence, conjuguée à ce sentiment malsain qu’elles pourraient tout à coup s’animer, était de loin la meilleure façon d’illustrer le concert d’un groupe que l’on pensait trop cérébral et qui s’est finalement avéré on ne peut plus humain.
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