L’humanité a sur la conscience un crime abominable qu’elle oublie pourtant déjà : la mort clinique du Beta Band, parti voir ailleurs ? Alpha du Centaure, le vrai foyer de ces aliens patentés ? s’il pouvait, enfin, y vendre quelques disques. Après une poignée de maxis majeurs, des concerts fantabuleux et trois albums inégaux (mais […]
L’humanité a sur la conscience un crime abominable qu’elle oublie pourtant déjà : la mort clinique du Beta Band, parti voir ailleurs ? Alpha du Centaure, le vrai foyer de ces aliens patentés ? s’il pouvait, enfin, y vendre quelques disques.
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Après une poignée de maxis majeurs, des concerts fantabuleux et trois albums inégaux (mais régulièrement géniaux), le groupe s’est sabordé dans un fracas qui n’aura finalement pas fait plus de bruit que ses chiffres de ventes. Ce double disque, un live exultant au Shepherds Bush Empire et un greatest, s’intitule The Best of the Beta Band Music. Sans forcer et sans forfanterie, il pourrait tout aussi bien s’appeler The Best of Music’ tout court : l’univers du Beta Band, c’est tous les univers en même temps, le grand inventaire définitif et foutraque des grands courants musicaux des, disons, dix-sept derniers siècles. Dans les cerveaux multitâches des Ecossais délirants ? l’un des membres originels a fini en HP ? cohabitent ainsi dans un faux bordel, agencé avec une maniaquerie d’horloger helvète, d’immémoriales psalmodies tribales, des rondeurs hip-hop, la rigueur hypnotique des chants grégoriens, les arabesques de Syd Barrett, le générique d’un cartoon pour gamin dégénéré, les accès directs de Spacemen 3 aux hautes sphères spirituelles, le goût de Radiohead pour les aventures hasardeuses et la coolitude absolue de Beck.
Quiconque s’est senti englué dans le rythme captivant, dans les déformations spatiales et temporelles du monumental It’s Not Too Beautiful sait qu’il avait certes affaire à des rigolos, mais à des rigolos parfaitement sérieux. Ceux qui se sont inventé une nouvelle géographie mentale sur les excroissances baignées de LSD de Dry the Rain ou Wonderful, qui ont ajouté des astres à leurs cieux grâce à l’étrangeté de To You Alone ou la douce débilité de She s the One, ceux qui ont tenté de faire danser leurs abrutis d’amis sur le tube corrupteur Assessment ne savent que trop bien ce qu’ils ont définitivement perdu : un très grand groupe.
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