La semaine dernière, les rappeurs parisiens de TTC évoquaient un schisme en marche dans le hip-hop, entre les héritiers d’une tradition soul et les rénovateurs électroniques. Comme son copain d’enfance Mos Def, avec qui il forma Black Star, Talib Kweli rappelle que la soul n’est jamais une langue figée ? et que cette grammaire ancienne […]
La semaine dernière, les rappeurs parisiens de TTC évoquaient un schisme en marche dans le hip-hop, entre les héritiers d’une tradition soul et les rénovateurs électroniques. Comme son copain d’enfance Mos Def, avec qui il forma Black Star, Talib Kweli rappelle que la soul n’est jamais une langue figée ? et que cette grammaire ancienne peut irriguer des langues vivantes, modernes et aventureuses. Musicalement, c’est la grande force de ce second album solo du prodige de Brooklyn : apprivoiser, pour mieux les pervertir ou les ajuster, des traditions aussi écrasantes que le gospel (I Try), la soul Stax (Never Been in Love ou le poivré et sucré Back Up Offa Me) ou même le rock (l’électrique We Got The Beat).
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Lyriquement, c’est encore plus impressionnant, avec un storytelling haletant, qui dit aussi bien les destins violés de Brooklyn que Kurt Cobain, le sida en Afrique que Lucy (in the Sky with Diamond) ? mais sans ces allégories et ces formules alambiquées jusqu’à l’opaque de rappeurs plus ramenards. Ces textes puissants, les collaborations impeccables (Mary J Blige, Common) et les productions lumineuses (Neptunes, Kanye West, Hi-Tek ) n’empêchent pourtant pas ici et là des chutes de tension : ainsi le bouche-trou We Know, R n’B laborieux miaulé par une bitch de rigueur, ou le sample paresseux de Police sur Around My Way, qui anéantit un texte pourtant cinglant. Car c’est dans les moments les plus tendus, sourcil froncé et beat anxieux, que Talib Kweli reste le plus diabolique : sur le menaçant A Game, sur le suffocant Work It out ou l’incroyable Broken Glass, rap urgent et inquiet produit par les Neptunes.
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