The Beatles

Peu après la sortie de Sergent Pepper’s, le groupe apprend le décès de son manager Brian Epstein des suites d’une overdose. Le réveil est brutal pour les Beatles, et le groupe, en quête de spiritualité, succombe aux charmes du gourou Maharishi Mahesh Yogi, ravi car conscient qu’il a là une sérieuse carte à jouer (le filou présentera dans la foulée un disque sous le nom de professeur spirituel des Beatles). La troupe s’envole donc dès février 1968 pour l’Inde et s’isole, pendant plusieurs semaines, loin du confort moderne, avec une ribambelle d’illuminés, parmi lesquels Donovan, Mia Farrow (dont la soeur, Prudence, inspirera à Lennon Dear Prudence) ou Mike Love des Beach Boys.

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C’est là que le groupe compose l’essentiel des morceaux qui figureront sur The Beatles (le plus souvent appelé “album blanc”). Le disque, qui est finalement enregistré en Angleterre après le retour du groupe, déçu par les magouilles du Maharishi (à qui Lennon dédiera l’ironique Sexy Sadie), se démarque du précédent : plus de costumes ou d’orchestrations, 1968 est une année à poil. Le masque tombe et dévoile des visages au naturel (les barbes sont longues, les mines fatiguées). Les Beatles s’entredéchirent dans une guerre d’egos : Lennon livre quelques-unes de ses chansons les plus cyniques (le monument Happiness Is a Warm Gun) quand McCartney, qui a copiné avec Donovan en Inde, rayonne sur I Will et Blackbird. Harrison convie son copain Eric Clapton à illuminer de sa guitare le brillant While My Guitar Gently Weeps – le second le remerciera plus tard en lui chipant sa femme.Quant à Lennon et McCartney, ils se séparent de leurs femmes respectives pour s’unir l’un à Linda McCartney, l’autre à Yoko Ono, cette dernière obtenant, malgré la réticence de tous, le rôle officieux de cinquième membre du groupe.

Fruit de ces bouleversements, l’album, blanc en surface mais sombre en son coeur, ressemble à un exercice d’autoanalyse : fascinant et schizophrène, officiellement double.