Après l’explosion du tube « Fade out Lines », le Niçois The Avener publie un premier album où l’électronique s’affranchit des codes et lorgne en direction de la pop.
Rien ne prédisait au morceau Fade out Lines le succès qui fut le sien. Sur YouTube, le clip a dépassé les dix millions de vues ; sur iTunes, c’est carrément la folie : le single a été numéro 1 dans pas loin de vingt pays. Les radios se sont également emparées de ce tube évident – simple remix, pourtant, d’un morceau de Phoebe Killdeer – pour en faire un des plus “shazamés” de 2014. “C’est un rêve d’enfant qui se réalise”, avoue Tristan Casara, alias The Avener.
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Engouement soudain
Quand on le rencontre au festival Music Village, aux Arcs, en décembre 2014, alors que son premier album est sur le point de sortir, le Niçois digère à peine le succès mondial de son single.
“Avec ce titre, je me suis trouvé. C’est un mélange de toutes mes influences en tant que DJ et producteur. J’ai passé dix ans comme DJ résident dans ma ville, à Nice. Je suis passé par plein de styles musicaux. Par moments, même, la musique électronique me plaisait moins. Je la trouvais trop froide, trop agressive, trop aiguë – c’était l’époque de l’engouement pour la dance music américaine. J’ai parfois eu envie de revenir aux basiques : il y a dix ans, j’ai commencé avec la deep house – ce créneau revient en Europe depuis quelque temps.”
Melting pot
La deep house, c’est le fil rouge du bien nommé The Wanderings of The Avener, soit les errances de Tristan Casara, qui retrace ici un parcours à la fois musical et personnel en explorant ce qu’il avait mis de côté pendant des années. Pour bricoler cet album – constitué à 80 % de reworks –, The Avener est allé piocher dans un “petit dossier” où il gardait “secrètement” ce qui lui tenait à coeur, attendant le bon moment pour revisiter ce répertoire multiple, voire schizophrène.
A travers remixes, samples et featurings, ce premier album voit en effet se croiser les talents de Kadebostany, John Lee Hooker, Adam Cohen, Mazzy Star, Ane Brun ou encore Sixto Rodriguez. Pas vraiment une playlist homogène. Et pourtant, The Avener a su marier les genres en les fondant à la texture de son propre son, peint en clair-obscur, à la fois sautillant et toujours doux – au final, une démarche et une esthétique résolument pop.
“Je viens du piano classique, ce qui m’a permis d’ouvrir mon oreille à beaucoup de choses différentes. L’electro, je l’ai découverte à 15 ans. Je suis passé par plein d’étapes : le rock, le blues, le funk… J’ai connu des périodes où, pendant quelques mois, je n’écoutais qu’un seul style. Je me suis perdu dans tout ça. Aujourd’hui, j’ai du mal à dire où je me trouve. Je fais de la musique, tout simplement.”
A la base, le piano
Tristan Casara est né à Nice en 1987. A 5 ans, lors d’un dîner chez des amis de sa mère, il voit un piano pour la première fois. C’est le coup de foudre : en sortant de l’appartement, il demande à intégrer une école de musique et se lance dans une formation classique, qu’il ne mettra de côté qu’à l’adolescence en découvrant Amon Tobin et Aphex Twin. Il possède bientôt ses premières platines et commence à passer de la musique dans les clubs locaux, tout en intégrant une fac de droit qu’il abandonnera rapidement pour se consacrer pleinement à la musique.
Suivront de longues années en tant que DJ et “ghost producer” entre Nice et Paris – une période ingrate, pendant laquelle Tristan Casara, devenu The Avener, ne trouve pas sa place dans un paysage électronique à l’offre saturée, et finalement très cloisonnée. The Wanderings of The Avener peut donc être considéré comme une revanche sur le purisme techno-house, mais aussi comme un affranchissement vis-à-vis de l’héritage French Touch, dans la mesure où il s’obstine à suivre ses propres règles en prenant soin de se détacher des tendances, bien que cette souplesse pop dans l’electro soit effectivement une signature typiquement française.
L’autre signature de The Avener, c’est de n’avoir jamais perdu de vue les bases de son apprentissage. “Quand tu as commencé la musique aussi tôt, les choses deviennent vite inconscientes quand tu composes. J’ai étudié pendant des années la structure, la musicalité, le langage… Je reproduis forcément, même sans m’en rendre compte, les schémas que j’ai appris.” Ce premier album esquisse ainsi, en prolongeant la longue histoire des musiques électroniques, une sorte de nouveau classicisme.
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