Moritz von Oswald et Mark Ernestus, alias Rhythm & Sound, n’aiment guère parler d’eux, et encore moins disséquer leur musique. Depuis leurs débuts, ces deux musiciens cultivent le secret : ils refusent la moindre photo, donnent rarement des interviews et encore moins des concerts. Longtemps d’ailleurs, la rumeur voulait qu’ils ne soient qu’un unique personnage, […]
Moritz von Oswald et Mark Ernestus, alias Rhythm & Sound, n’aiment guère parler d’eux, et encore moins disséquer leur musique. Depuis leurs débuts, ces deux musiciens cultivent le secret : ils refusent la moindre photo, donnent rarement des interviews et encore moins des concerts. Longtemps d’ailleurs, la rumeur voulait qu’ils ne soient qu’un unique personnage, dénommé Maurizio, d’après une de leurs nombreuses signatures. Entretenant un mythe, et additionnant les projets, ils ont réussi à construire un petit empire souterrain et subversif, qu’ils gèrent depuis Berlin et la boutique Hardwax, affiliée à leurs nombreux labels.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Basic Channel, le premier de leurs pseudonymes, demeure sans doute le plus mythique, et date du début des années 90. Il se référait alors à une série de maxis techno, aux sonorités très denses et profondes, et à l’habillage anonyme et abscons. Au fil des années, Basic Channel est devenu objet de culte, notamment parce que la série s’est vite arrêtée, au bout de neuf références, laissant la place à d’autres expériences, sous d’autres noms : M, Main Street, Burial Mix, Rhythm & Sound. Entre les projets actuels et leur ancêtre Basic Channel, il y a toujours les mêmes convolutions rythmiques sourdes et parasitées, le même engouement pour les textures sombres, enchevêtrées, mêlées de souffle, de réverbérations et d’échos multiples, complexes. Progressivement, leur son s’est délicatement éloigné de la techno, s’est fait de plus en plus lent, pour se rapprocher d’une sorte de dub quasi narcotique, de plus en plus étiré et lancinant, notamment avec une première série de maxis, Burial Mix, reprenant le concept des 45-tours jamaïcains : une face chantée, l’autre instrumentale. Les premiers disques de cette série étaient chantés par Tikiman. Ils ont été compilés, en 1998, sur un CD intitulé Showcase. Sur les suivants, le chant était à chaque fois assuré par une personnalité différente, dont certaines, comme Cornell Campbell ou Jennifer Lara, font partie de la mythologie intime du reggae, ayant eux-mêmes eu des carrières en Jamaïque.
Ces morceaux sont aujourd’hui édités en deux CD : l’un avec les versions chantées, et l’autre purement instrumental. Comme une extrapolation ultime du concept même du reggae, offrant toujours deux faces, deux perspectives d’une même matière musicale, ces disques témoignent avant tout d’un hommage méticuleux et presque passionnel rendu à la musique jamaïcaine.
{"type":"Banniere-Basse"}