The Art and Soul of The Mande Griots

Au moment où l’architecture politique coloniale encore en vigueur en Afrique de l’Ouest montre des signes insistants d’effondrement ? avec une ligne de rupture qui va du Liberia au Nigeria via la Côte d’Ivoire ?, ce disque vient rappeler qu’un espace linguistique, économique et culturel lui préexistait : le Mandé. Qu’est-ce que le Mandé ? L’un des prestigieux empires de l’Afrique médiévale, créé au XIIIe siècle de notre ère par Soundiata Keita, « fils du Buffle, fils du Lion », qui s’étendit de la boucle du Niger à l’Atlantique.

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L’histoire du Mandé est indissociable de celle des djeli, les griots, à la fois musiciens conteurs, détenteurs de la mémoire collective et garants de la stabilité sociale. Recueil des grandes voix et des maîtres instrumentistes de cette tradition, Mandekalou (« Le Peuple du Mandé ») est un projet de longue haleine mené par un des producteurs historiques de la musique africaine moderne, Ibrahima Sylla. Quinze ans auront été nécessaires pour l’achever. Une longue gestation à hauteur d’homme. Une goutte d’eau au regard de l’immense patrimoine que recouvrent ces soixante minutes de musique et de leur riche signification artistique.

Le casting de ce disque est sidérant. Imaginez le plateau le plus prestigieux possible ; quelque chose comme une jam-session à laquelle auraient pris part les plus belles éminences du jazz vocal (Ella, Dinah, Sarah, Nat , cette pointure-là), accompagnées par une volée de virtuoses. Transposez à Bamako et branchez les micros. Soudain, il ne s’agit plus tout à fait d’un autre disque de musique trad, mais d’un conservatoire vivant, d’un sommet, voire d’un « G8 » mandingue. Avec Kandia Kouyaté, Kassé Mady Diabaté, Kémo Condé, Bako Dagnon ? pour citer les plus célèbres ?, vous buvez à la source une tradition vieille de sept siècles. Bonjour la pureté !