Gueule de bois. Chez les Wiseguys, les lendemains de fiesta big-beat déchantent en un hip-hop mélancolique. Après les nuits bacchanales du big-beat, les excès de cocktails (musicaux, entre autres) aussi hasardeux qu’enivrants, l’heure de la gueule de bois a sonné. Pills, thrills & bellyaches (des pilules, des frissons et le mal au bide) résumaient avant […]
Gueule de bois. Chez les Wiseguys, les lendemains de fiesta big-beat déchantent en un hip-hop mélancolique.
Après les nuits bacchanales du big-beat, les excès de cocktails (musicaux, entre autres) aussi hasardeux qu’enivrants, l’heure de la gueule de bois a sonné. Pills, thrills & bellyaches (des pilules, des frissons et le mal au bide) résumaient avant de rendre l’éponge les Happy Mondays, qui en connaissaient eux aussi un rayon en matière de débauche et de partouzes musicales. The Antidote sera donc le remède à la migraine rituelle des lendemains d’affrontements entre ces DJ’s furieux du big-beat : personne n’est encore sorti indemne d’un de ces légendaires combats de platines entre les labels Skint et Wall Of Sound, de ces bras de fer entre Fatboy Slim et DJ Touché, désormais seul aux commandes des Wiseguys. Sur ce second album, le pyromane se fait également pompier pour soigner la tempête semée à l’époque des jubilants The Sound you hear, Nil by mouth ou du classique Casino « sans pareil », ces funkys galipettes, ces bombes en caoutchouc.
Pas un hasard si, ici, le premier titre s’appelle Re-introduction : il était devenu nécessaire pour les Wiseguys de refaire les présentations et de dissiper un mot qui leur va bien quelques malentendus. Résumés à une bande de pourvoyeurs en rythmes bambocheurs, réduits à la réputation big-beat de leur label Wall Of Sound (en ce sens, leurs implacables singles Ooh la la et Start the commotion de l’été n’ont pas aidé), les Wiseguys comptent surtout parmi les meilleurs importateurs anglais de hip-hop (The Grabbing hands, applaudi à deux mains). Un hip-hop transgénique, adapté à la culture sous climat anglais, un hip-hop que Touché aurait envoyé en stage chez Bacharach (Casino hier, Search’s end ou We be the crew aujourd’hui), chez Sergio Leone (le tordant Cowboy 78) ou au fond d’un puits. Car c’est la grande nouveauté de The Antidote : si la palette de rythmes et d’arrangements demeure toujours aussi sophistiquée, parfois même farfelue, le noir y fait son entrée.
Une mélancolie certes loin des sombres abysses où le Wu-Tang élève ses cafards et papillons noirs. Mais malgré une mise toujours soignée, constamment élégante, The Antidote baisse les bras face à un spleen qui envahit la fin de l’album. Tassés en arrière-salle du disque, dans sa fin de soirée, The Executives, Production ou le salace Au pairs girls ont le beat bourdon, le hip-hop dans les chaussettes : ainsi traumatisé, rarement hip-hop anglais aura été à ce point en phase avec le New York contemporain, celui de Company Flow ou de l’écurie Rawkus. Mais comme on est en Angleterre, Touché n’oublie pas, sur l’ultime The Bounce, que la capacité à rire les pieds dans le cambouis est ce qui a toujours sauvé son pays des raz de marée du vague à l’âme. A l’écrasant coup de barre qui vient de jeter un tel coup de froid au disque, ce sursaut d’humour demeure le meilleur antidote.
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