Quand on a Cantona. Un album entier à la gloire de Cantona, avec chorale de supporters, citations et quelques chansons remarquables. Copains comme cochons, toujours fourrés l’un chez l’autre, rock et football anglais avaient pourtant toujours fait mauvais ménage quand il s’agissait de sacrer l’union : on se souvient d’hymnes nauséeux signés par Status Quo […]
Quand on a Cantona. Un album entier à la gloire de Cantona, avec chorale de supporters, citations et quelques chansons remarquables.
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Copains comme cochons, toujours fourrés l’un chez l’autre, rock et football anglais avaient pourtant toujours fait mauvais ménage quand il s’agissait de sacrer l’union : on se souvient d’hymnes nauséeux signés par Status Quo ou Rod Stewart, de singles épouvantables commis par Chris Waddle, Keegan ou Gordon Banks. A ce jeu de massacre, seul New Order parvint à donner à l’équipe nationale un tube à peu près décent : E for England, chef-d’œuvre de malice réussissant à glorifier l’ecstasy sous couvert de ferveur nationale. A Manchester, dans la tribune K de Old Strafford, on a toujours aimé chanter : de reprises du Raindrop keep falling on my head de Burt Bacharach au Go West de Village People, ces chœurs virils ont, depuis des lustres, été des armes aussi efficaces contre l’ennemi visiteur que les dribbles de Ryan Giggs, les descentes de Georgie Best ou les jonglages d’Eric « The Brat » Cantona. Etonnante capacité à composer des hymnes dans la sueur et le vent : on se souvient de l’effroyablement efficace Ooh aah Cantona! qui avait salué, d’entrée, l’arrivée de Canto à Manchester chant de guerre vite transformé, par les supporters rivaux et linguistes en un comique Où est Cantona ? quand celui-ci purgeait sa suspension. Déifié à Old Strafford et ignoré par Aimé Jacquet, Cantona reçoit aujourd’hui un deuxième titre de gloire, après son trophée de « meilleur joueur du championnat anglais » décerné par ses pairs. Cette fois, la reconnaissance vient des tribunes, où on a composé un album entier à la gloire du King. Où l’on retrouve avec joie les pubs Nike (« J’ai traité mon entraîneur de sac à merde »), des morceaux choisis de reportages sportifs et, surtout, l’épatant Raymond Bizarre (« Quand il est sur le terrain/Il va plus vite qu’Alain Prost »), dont la cassette en franglais cocasse avait animé, il y a quelques mois, nos après-midi. Entre une house au mètre (Oo-ah, I’m sorry), un ignoble slow pour Ford Escort (Cantona superstar « Eric, je t’aime, viens à la maison ») et quelques ivrogneries (Eric the King), on retiendra la préciosité un rien hors jeu de Louis Philippe, sur un Do the frog où Suicide invite Brian Wilson, le narcotique Have you heard about Eric’ de Captain Sensible et, surtout, le remarquable Eric (please don’t go) des Half Time Oranges, miracle de pop sensible dans ce monde de vilains tacleurs. L’occasion de réviser quelques-unes des fameuses devises de notre Baudrillard en short : « Un bon footballeur est, par nature, un beau footballeur », « Je joue avec passion et avec le feu. Il me faut accepter que ce feu peut, à l’occasion, blesser » ou l’énigmatique « Quand les mouettes suivent le chalutier, elles espèrent que des sardines tomberont à l’eau. » On attend avec impatience l’hommage de la fusion française à un autre héros : Eric Di Méco.
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