L’excentricité anglaise, à travers une pop luxuriante et un film étrange.
A l’école, on aurait rêvé d’avoir un prof de musique comme David Bramwell, capable de faire travailler ses écoliers sur des chansons de Joanna Newsom ou de Talk Talk. De Talk Talk, de cet art de la retenue, du silence complice, il est souvent question dans les morceaux d’Oddfellows Casino, son groupe aristocrate, d’une méticulosité et d’une précision délicieusement désuètes en ce millénaire négligé et pressé. Un raffinement qui ne vire heureusement jamais à la chochotterie de vieux garçons, à la bigoterie que réservent trop souvent tels musiciens maniaques (on pense aux High Llamas) quand ils contemplent des monuments comme Robert Wyatt ou Brian Wilson. C’est avec légèreté, innocence que Bramwell tisse à la main, depuis la coolitude avérée de Brighton, ses symphonies de poche, pour Wurlitzer et cuivres précieux. Brighton est d’ailleurs une des héroïnes du film sépia fourni ici en bonus, réalisé par Toby Amies et somptueusement mis en son par Oddfellows Casino. Une plongée surréaliste dans un freakshow qui révèle une face nettement plus sombre et inquiétante à la douce excentricité de ce professeur de musique.