Pour ses 70 ans, le plus célèbre ensemble cubain reçoit les honneurs d’un copieux coffret.
Sur le papier, tout ensemble musical devrait être une utopie humaine, vouée au partage des sensations, à la mise en commun des énergies et à l’élaboration d’un langage collectif harmonieux. Mais ces nobles idées résistent rarement à la sombre réalité des rivalités d’ego et des principes hiérarchiques. Au-delà de la fortune musicale qu’elle a léguée au patrimoine cubain, l’Orquesta Aragón a ceci d’exemplaire qu’elle n’a jamais dérogé aux idéaux démocratiques édictés par son éclairé créateur, Orestes Aragón.
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Depuis 1939, elle a vécu bien des changements : plusieurs générations d’instrumentistes se sont succédé derrière ses pupitres, l’amateurisme des débuts a cédé la place à la professionnalisation, les rythmes du cha-cha-cha ou du mambo se sont substitués à ceux du danzón. Mais, sous les sonorités de velours de cette charanga (formation avec piano, cordes, flûte et percussions) militant pour le rapprochement entre expressions savantes et traditions populaires, l’esprit de corps originel est bel et bien resté.
Sur les quatre CD de cette rétrospective, on entend donc des hommes qui, sur des airs suaves et swingants sublimés par l’amour du beau jeu, chantent à l’unisson les vertus de la liberté, de l’égalité et de la fraternité musicales. Cinquante ans après l’arrivée de Fidel au pouvoir, c’est cette révolution poétique qu’on a envie de fêter.
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