“Thank you, thank you” chante Antony sur ce maxi riche et intense : non, vraiment, n’inversons pas les rôles. Critique et écoute.
On se souvient qu’à la mort de John Lennon, en décembre 1980, l’hommage le plus digne fut l’œuvre de Roxy Music, qui publia à chaud une reprise recueillie de Jealous guy. A l’approche du trentième anniversaire de l’assassinat du Beatle, avant la vague déjà saoulante des commémorations aux pieds du Dakota, Antony a décidé de déposer discrètement un cierge en dernière plage de son nouveau ep. Une reprise en forme de flamme vacillante de Imagine, dépiautée au maximum de toute sa surcharge universaliste.
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On pense forcément à Roxy, car tout au long de ces cinq titres, Antony n’a jamais été aussi proche du vibrato de Bryan Ferry. Et comme Ferry récemment, il reprend aussi un titre de Dylan – Pressing on de 1980, soit l’époque “born again Christian” de Bobby, lorsque celui-ci n’était pas loin d’être aussi refroidi que Lennon, mais artistiquement parlant. Avant ces deux perles de fond, Antony propose trois nouveaux titres, le premier seulement étant appelé à figurer sur son prochain Swanlights, et cette récolte nous rassasie déjà plus que l’intégralité du purgatif The Crying Light.
Sur Thank You For Your Love, on frôle même l’allégresse, la fête basque, la farandole de desserts, avec un démarrage plutôt feutré qui déroule le tapis à une progressive orgie de cuivres et à un refrain possiblement chantable sous la douche. On songe à la rencontre inattendue des Dexys Midnight Runners et des Tindersticks, pour situer l’altitude du débat.
You Are The Treasure et son piano répétitif, sa mise en scène quasi expérimentale des voix, évoque plus volontiers les travaux de Sakamoto avec David Sylvian. Enfin, My Lord My Love constitue une sérieuse épreuve pour les pacemakers, les glandes lacrymales et l’athéisme. L’une des chansons de Swanlights s’intitule The Spirit Was Gone, inutile de préciser qu’il est revenu au galop.
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