Donnés pour morts à la faillite de Madchester, les Charlatans surprennent enfin, avec un album excitant comme un pou. A la sortie de Between 10th and 11th, Tim Burgess confiait son amertume à l’encontre de l’implacable mécanique de pressurisation propre à l’industrie du disque, coupable selon lui de l’extinction de la culture house. Dans la […]
Donnés pour morts à la faillite de Madchester, les Charlatans surprennent enfin, avec un album excitant comme un pou.
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A la sortie de Between 10th and 11th, Tim Burgess confiait son amertume à l’encontre de l’implacable mécanique de pressurisation propre à l’industrie du disque, coupable selon lui de l’extinction de la culture house. Dans la foulée, il prévoyait, avec cette arrogance propre à la scène nordique, la mort de son groupe le jour même où « le potentiel de son groupe serait épuisé ». C’était donc écrit, les Charlatans auraient logiquement dû cesser toute activité dès leur quatrième album éponyme, modèle de fixisme baggy, de stagnation dans ses chaussettes humaines. C’était sans compter sur trois événements de taille, qui vont venir redistribuer les cartes de ce scénario trop bête. Primo, l’adieu aux armes des Stone Roses, responsables de quelques-unes des belles pages de la pop mancunienne des années 90. Secundo, la disparition de Rob Collins, l’organiste historique des Charlatans, mort dans le pare-brise de sa voiture. Tertio, une cordiale invitation des Chemical Brothers, conviant Tim Burgess à coucher sa voix sur leur Life is sweet. Ces trois coups du sort ont miraculeusement remis en selle un Tim Burgess plein de dynamique. Lui, la grande gueule (à grosses lèvres) honnie par la presse et privée de gloire jusqu’à nouvel ordre, allait enfin pouvoir faire table rase des années Madchester et s’emparer, avec Tellin’ stories, de territoires musicaux qu’il s’était jusqu’ici interdits. Les effets dub et les scratchs appris à l’école des sorciers du sample talonnent les guitares triomphantes et le son massif dès With no shoes et jusqu’à Rob’s theme instrumental acide et distordu, typique du son des Chemical Brothers. Puis les pirouettes sonores techno signent chacune à leur tour la feuille de match, jusqu’à l’orgue jadis cantonné aux boucles Hammond qui joue désormais les filles de l’air et troque ses grandes nappes contre un jeu en pointillé. La poitrine gonflée, le chant de Tim Burgess délimite un nouveau territoire. Aguerri, revanchard, il chasse sans retenue les strates sonores jusqu’ici réservées à Ian Brown sur un Tellin’ stories ahurissant et règle ses comptes avec Liam Gallagher dans un One to another évadé d’un troisième album imaginaire des Stone Roses. Hérissées d’un rempart sonore, véloces, les chansons de Burgess avancent avec la majesté de princesses en armure et revendiquent leurs lettres de noblesse : le Blonde on blonde de Dylan (Get it on ou North country boy) et les Stones période Exile on Main Street (How can you leave us, You’re a big girl now, Only teethin’). L’album de la rédemption, incontestablement.
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