L’un des plus beaux morceaux de la carrière du fantasque Tellier clôt l’écoute en avant-première du lubrique et conceptuel « Sexuality ».
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Showman fantasque et songwriter fantastique, infatigable transformiste pop (un personnage par album), Sébastien Tellier est, pour la musique française, un passionnant phénomène.
Le Français fait un grand écart entre les concepts fous et grandes chansons populaires, constitue un pont habile entre l’art pur (les collaborations avec son copain Xavier Veilhan) et la variété chromée, effectue avec grâce le plus court chemin entre la hype mondiale (Guy-Man de Daft Punk a produit Sexuality) et une rediffusion de Champs Elysées sur France 2.
Des sables chauds, sensuels et mélancoliques de Roche à la beauté pure de L’Amour et la violence, écoutez ici en avant-première, chaque jour de la semaine, un nouveau titre du lubrique, conceptuel et brillant Sexuality, commenté par son auteur drolatique.
Dernier jour : L’Amour et la Violence
« Mon troisième chef-d’œuvre, après Fantino et La Ritournelle. J’ai réussi à toucher à la finalité de l’art : l’artiste, finalement, se contente de dire « pitié, aimez-moi, s’il vous plaît donnez moi votre amour, un retour positif. » C’est hyper sincère, j’ai touché à la base de la base, et c’est ce dont je suis le plus fier. Elle clôt l’album, un disque de grand séducteur, un semi crooner semi homme du monde, mais ce n’est pas ce que je suis : cette chanson montre que tout cela n’est qu’un spectacle, derrière lequel je suis caché. »
Jour 1 : Roche
« C’est une chanson qui parle de Biarritz. Je ne pouvais ouvrir Sexuality qu’avec Roche : c’est à Biarritz que j’ai découvert l’amour, le sexe, les filles en général. C’est là que j’ai touché le bonheur ; les vacances d’été, avec des amis, le soleil, le sable, la mer, la sensualité. Musicalement, il y a le cœur européen avec la forme américaine : le son est énorme et précis, mais l’âme et la noblesse européenne restent. »
Jour 2 : Fingers of Steel
« C’est l’un de mes fantasmes : faire l’amour avec un robot. L’évolution du sexe, dans longtemps, fera que des robots remplaceront les prostituées, les poupées gonflables, les godes –qui sont d’ailleurs déjà de petits robots, des bébés robots. Quand je pense à Fingers of Steel, et quand j’en ai écrit le texte, je pensais à une main d’argent en train de caresser une énorme poitrine à peau de pèche. Un fantasme par rapport à Guy-Man ? Je ne sais pas, mais si le trip doigts d’acier, le côté impersonnel n’est pas forcément le mien, je le comprends. »
Jour 3 : Pomme
« C’est mon morceau en Anglais préféré. J’ai été à la recherche de notes tristes sur L’incroyable vérité, puis de notes intelligentes sur Politics. Là, j’ai vraiment réussi à trouver des notes excitantes, moites, qui enrobent le corps : c’est vraiment une chanson propice à l’amour. J’ai eu la chance de travailler avec Guy-Man, évidemment, mais aussi avec Rico. Rico avait fait toutes les basses des musiques des films Marc Dorcel dans les années 80, et il a pu avec Pomme totalement exprimer son talent, faire ces petites basses synthés suaves sur lesquelles je fantasme, qui font directement penser aux films érotiques que j’adore. »
Jour 4 : Une Heure
« C’est le premier morceau que j’ai écrit pour Sexuality. A la base, je voulais justement le faire durer une heure, avec la même ambiance sexuelle du début à la fin, que les gens puissent vraiment s’éclater dessus. C’est la chanson des mélanges des corps, des mélanges des genres, elle parle de la bisexualité, simplement pour dire qu’il faut goûter à tous les plaisirs, qu’il ne faut jamais se mettre de barrière quand il est question de plaisir. C’est le premier morceau que j’ai fait en sortant de l’hôpital psychiatrique, je me suis occupé de sa part de guitare, énorme, qui constitue l’aboutissement de tous mes fantasmes en la matière. Une sorte de solo, mais pas un solo de guitar hero, un mélange de David Gilmour de Pink Floyd et des guitaristes de Gainsbourg. Le mélange parfait. »
Jour 5 : Manty
« C’est un hommage à l’Italie, mon nouveau pays préféré. J’y passe mes vacances, j’adore y faire du bateau. Il y a un côté latin que j’adore, sa mélodie de Manty se prêtait au chant en Italien, ça ne marchait pas du tout en Français. C’est une chanson faite pour après l’amour, elle est faite pour fumer après l’amour. J’ai des influences italiennes, mon chanteur italien préféré étant Lucio Battisti. Une chanson comme Ancora Tu, par exemple, est un chef d’œuvre de la musique italienne : j’adore quand les Italiens essaient de copier la musique américaine, avec une influence notable de Stevie Wonder. On retrouve les saveurs U.S., mais avec l’esprit européen, la saveur et le charme latins. Ce charme est ma nouvelle perfection artistique, c’est ce que je recherche. »
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