Porté aux nues ou au pilori, le dernier Tellier ne laisse pas indifférent. Ce concert de rentrée au centre Pompidou le 29 février dernier permettait de s’en assurer en chair et en boucles : « Sexuality » est un disque qui en a.
Confortablement installé dans les beaux sièges de ministre du centre Pompidou, le public semble impatient et fébrile à l’idée de découvrir sur scène l’album dont tout le monde parle. L’amphithéâtre se remplit inexorablement quand le barbu tiré à quatre épingles débarque flanqué de deux compères qu’il dira plus tard « avoir recueilli dans la rue ». Comme dans un film où les dialogues n’arrivent qu’après plusieurs minutes, comme dans une pièce où le héros n’apparaît pas dans le premier acte, Tellier débute le show par l’instrumentale Sexual Sportswear, immobile avec sa six-cordes aérodynamique dans un clair-obscur stroboscopique, pendant que ses deux acolytes s’en donnent à cœur joie sur ce groove jouissif en guise de préliminaires. Immédiatement, on regrette la position assise tant le popotin réclame ardemment mouvement et balancement.
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Quelques blagues absurdes dignes d’un Edouard Baer qui aurait troqué sa verve avec celle d’un Raphaël Mezrahi et le grand dadet à la voix fragile nous gratifie d’un enchaînement sensuel à souhait Kilometer / Divine / Roche / Pomme. Entre les Beach Boys, La Boum ou Michael Jackson, la scène révèle au grand jour les mélodies en apparence naïves, mais en réalité diamantines, de l’homme aux lunettes de mouche. L’absence de paire rythmique organique a tendance à parfois créer une frustration sur les montées telluriques de Tellier (comme Ketchup vs genocide), mais Sébastien s’en joue en mimant la surprise quand un de ses musiciens démarre une boucle à l’insu de son plein gré.
Capable tout à la fois de caresser d’une manière très suggestive une batte de base-ball pendant les breaks et de reprendre les mots (fleurs) bleus de Christophe (La dolce vita), le grand barbu montre surtout avec Fingers of Steel ou Broadway qu’il est un satané compositeur : ses harmonies sonnent quelque soit le vêtement qu’on leur fait porter. Mais le clou du spectacle reste sans conteste l’enchaînement d’une confondante beauté La Ritournelle / L’amour et la violence dans des versions mises à nu par un Tellier seul au piano, pour des interprétations mélancoliques. Et rien que pour ce collier de pépites, il fait bon de passer un vendredi soir d’hiver avec Sébastien.
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