Retour du groupe anglais avec un troisième album en demi-teinte et parfois trop calibré pour les playlists « Apéro-Chill ».
C’est l’époque qui veut ça. Dorénavant, la musique se consomme avant tout sur les plateformes de streaming. Après le hip hop, où certains stigmates de cette révolution sont déjà bien visibles – des albums à la tracklist interminable qui s’enchaînent pour maximiser les profits (coucou Drake) – voilà que ce bouleversement pointe le bout de son nez du côté de la pop. Pas une question de taille ici, plutôt de calibrage. Après deux bons disques d’une pop distinguée, les Anglais de Teleman reviennent pour un troisième qui donne l’impression d’avoir été composé pour suivre les diktats des playlists au nom en « chill » qui pullulent sur Deezer, Spotify et consorts.
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Plutôt Calvin Harris que Burial
S’offrant un son plus brillant et clair que jamais, la bande menée par Thomas Sanders semble vouloir gommer toutes les aspérités de ses chansons. Autrefois omniprésente, la guitare a été remplacée par des synthés convenus, à grand renfort d’échos. Le single Song for a Seagull est un bon exemple de cette évolution. Sur un rythme électro conventionnel, une basse et un clavier très club donnent au tout un désagréable gout de tube quelconque, ressassé des dizaines de fois. C’est comme si Teleman avait souhaité emprunter le même virage que The xx vers une musique plus dansante mais plutôt que de puiser chez des gens très recommandables (Burial, Fout Tet, …) le quartet se serait inspiré de Calvin Harris. Par moment, on a même l’impression d’entendre l’eurodance cheap de la fin des années 1990, notamment sur l’intro de Fun Destruction qui convoque Barbie Girl, le tube d’Aqua.
Pourtant, Teleman arrive encore à écrire de bonnes chansons. Le titre éponyme, véritable tube, ouvre ainsi parfaitement l’album, laissant présager mieux pour la suite. Dans la seconde partie du disque, le groupe se permet de faire baisser le rythme pour laisser plus de place à une écriture toujours classe. Le diptyque Somebody’s Island/Sea of Wine, où songwriting mélancolique et nouvelles sonorités électroniques et aqueuses se conjuguent à merveille laisse même d’amers regrets sur le très bon disque que Family of Aliens aurait pu être.
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