Le retour un brin décevant du génie brésilien de la dance languide
Avec son languide et ascétique Beautiful Life, single qui inventait la mélancolie à danser la house en frotti-frotta, le Brésilien Gui Boratto faisait une entrée remarquée dans les clubs en 2007. Plus suave encore, moins glaciale aussi que la house minimale allemande (il a été recruté par le label phare du genre, Kompakt de Cologne), il y réusissait l’exploit d’un chaud/froid inédit. Car ancien cadre de la publicité à São Paulo, il n’était pas à une illusion, un effet de manche près, réussissant à fourguer sur son album Chromophobia les ténèbres en plein soleil, des icebergs dans la rivière Pinheiros. Sous les palmiers, la glace. De cet album minimal et anxieux naissait une douce torpeur, une indolence bienfaitrice. Depuis, derrière ses platines ou son diabolique ordinateur à remixes, le Brésilien est devenu une star mondiale des dancefloors et fêtes foraines (de Goldfrapp à Pet Shop Boys, il n’a pas toujours donné dans la dentelle). C’est sans doute cette efficacité un peu clinique, ce savoir-faire un rien stérile qui déçoit sur ce second album : sans l’effet de surprise et le charme naïf de Chromophobia, Take My Breath Away joue dans les clous, trop sage, trop fonctionnel pour bouleverser comme son rêveur prédécesseur. Il reste bien entendu d’immenses frissons (la friction du chaud et du froid, encore, comme sur les terribles Opus 1 et Besides, qu’on jurerait produites par New Order, ou No Turning back, ravissante pop-song), mais le mélange sensible d’humanité et de robotique vire un peu à la formule, à la routine. Le laconique dernier morceau s’appelle Godet : on en reprend quand même un, puis deux autres, en souvenir de l’ivresse.
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