Combien semble déjà long, mais tortueux, le chemin qu’emprunta Otomo Yoshihide, musicien quasiment né avec les années 60, avant de monter son propre quintette de jazz, il y a moins de trois ans. Au point qu’à l’écoute du seul dernier disque de cette formation ? certainement l’une des plus passionnantes du moment en matière de […]
Combien semble déjà long, mais tortueux, le chemin qu’emprunta Otomo Yoshihide, musicien quasiment né avec les années 60, avant de monter son propre quintette de jazz, il y a moins de trois ans. Au point qu’à l’écoute du seul dernier disque de cette formation ? certainement l’une des plus passionnantes du moment en matière de jazz, comme le confirment ses incroyables prestations scéniques ?, le néophyte peinerait à imaginer, sans boussole, la densité d’un parcours peu courant, marqué par un sens de l’innovation tous azimuts hors du commun, qui s’est pleinement épanoui en à peine plus d’une décennie.
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Au sein Ground Zero, groupe violent mixant le jazz et le rock avec des éléments plus avant-gardistes, Otomo Yoshihide se révèle être un guitariste, platiniste et manipulateur de samples virtuose. Il s’en serait tenu là ? qu’il aurait quand même inscrit son nom dans l’histoire des musiques novatrices ? quand intervint Sachiko M, qui l’influença par des recherches à l’opposé des siennes, réalisées à partir d’un sampleur sans mémoire dont ne sortent que des ondes sinusoïdales aiguës. Paradoxalement, son œuvre protéiforme continuera d’évoluer vers des cadres plus traditionnels. « Des amis musiciens m ont motivé à me remettre à la guitare, Taku Sugimoto notamment« , commente Otomo Yoshihide, qui connaît bien le jazz. Et c’est sous l’impulsion de John Zorn, qui le premier produira le New Jazz Quintet sur son label, qu’il le fait.
Depuis, cette formation ne cesse d’enchaîner des albums tous plus enthousiasmants les uns que les autres, tant ils respectent, comme très peu aujourd’hui, l’esprit du jazz plutôt que sa lettre. Par exemple, Song for Che, célèbre composition de Charlie Haden, ouvre d’une façon bouleversante leur dernier album, où sont également repris les Beatles, James Blood Ulmer et Charles Mingus : c’est simple, on jurerait entendre le Liberation Music Orchestra, ou quelque autre grand ensemble animé par Carla Bley dans les années 70, rehaussé de récents acquis propres à l’impro comme à l’electronica les plus pointues.
Cela ne fait aucun doute : avec le New Jazz Quintet, Otomo Yoshihide tient enfin la formation idéale après laquelle il a longtemps couru. C’est-à-dire un groupe régulier avec lequel il se fait plaisir tant la complicité y règne (les nombreux rappels que le public leur demande en live visiblement les ravissent), un groupe avec lequel il peut reprendre Ornette Coleman, Eric Dolphy et Jim O Rourke, mais aussi composer et improviser, aux côtés de l’incroyable chanteuse Phew, ou au milieu des sons de Masami Akita (alias Merzbow) ou Sachiko M, dans une version élargie du combo : le New Jazz Ensemble, qui ne cesse de tourner.
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