Producteur raffiné, le Français passe à l’acte sur un album envoûtant.
Producteur aux vastes secrets et sortilèges, Gilles Deles a souvent exigé l’impossible des groupes/cobayes passés entre ses manettes : ils l’en remercient aujourd’hui, puisque sur son second album sous le masque Lunt, deux membres d’Angil viennent lui renvoyer l’ascenseur (pour le paradis). Egalement cofondateur du passionnant label Unique Records, l’une des écuries françaises les plus cohérentes et pourtant imprévisibles depuis les regrettés Lithium (leur modèle économique est également exemplaire), Lunt joue de la musique le dimanche, en hobby.
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On l’imagine en toge, psalmodiant son folk dingue les bras au soleil, évoquant dans ses entassements de voix et de murmures les moments les plus illuminés du Beta Band (Golden House). Ou alors sur une chaise électrique longue, quand son rock s’énerve un peu, avec cette nonchalance bougon enseignée par Neil Young aux Silver Jews, à Palace, à Mark Mulcahy (dont il partage le timbre, notamment sur l’éblouissant Where’s the Revolution).
Finie, donc, l’époque où l’écriture raffinée de Lunt était raturée d’electro, tachée d’électricité, déchiquetée au post-rock : même quand il reprend My Bloody Valentine (Sparks & Darkness), c’est dans un recueillement, une béatitude qui disent que l’orage est passé. Mais que l’électricité, mauvaise, insidieuse, menaçante, continue de rôder dans les prairies. Le meilleur moment pour marcher dans la lande : quand le calme est revenu mais que le silex sent encore l’apocalypse.
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