Les racines aphrodisiaques de la musique jamaïcaine repoussent sur un premier album.
Amateurs de rap white-trash, passez votre chemin. Ici, rien qui ne puisse être comparé au génial Orelsan ; rien qui ne soit à la hauteur de son grand classique Sale pute. On n’y promet pas de “déchirer le rectum” d’une fille, comme il semble désormais impératif de le faire pour avoir une chance d’être écouté, mais plus joliment de “sortir son jet d’eau pour arroser (son) jardin” (Wata Yu Garden). Ce qui, dans la Jamaïque rurale et puritaine d’où nous viennent Gilzene & The Blue Light Mento Band, est assez pour rendre pivoine la pommette de n’importe quelle jouvencelle. Le mento, cet aïeul rustique et désuet du reggae, chaloupe et se joue des apparences depuis bientôt un siècle.
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On l’interprète sur des instruments de mont-de-piété, dont les indispensables banjo et rumba box. On le chante dans un patois qui colle au palais comme mélasse. On l’exporte en chemise perroquet et chapeau de paille dignes de la garde-robe du regretté Carlos. Pourtant, sous la docilité de façade, sous le vernis du pittoresque et de la courtoisie, le mento sait tirer son épingle du jeu. Là où le reggae fait le chêne face à l’adversité, lui se la joue roseau ou… mangouste (Sly Mongoose).
Là où le dancehall va toujours plus loin dans l’exposé gynécologique, il distille avec malice des sous-entendus coquins (Liza). La mort en 2007 de Stanley Beckford, qui avait ramené ce style inaugural sous les feux de l’actualité, pouvait faire craindre la fin d’une savoureuse tradition. Il n’en est rien. Ce premier album du Blue Light Mento Band en reconduit le charme, intact. Non ça ne déchire pas, ça caresse.
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