Au fil de morceaux produits par ses soins, le poète trip-hop pose son flow lancinant sur fond de basse rutilante ou de percussions rituelles.
Certaines trajectoires en rappellent d’autres, qu’elles soient transcendantes ou plus tortueuses. Celle d’Obaro Ejimiwe, alias Ghostpoet, tient autant de la tendance naturelle de Nick Cave à s’aventurer dans les ténèbres pour y trouver des sentiers lumineux que de l’indéboulonnable besoin d’un Dan Bejar (Destroyer) d’expérimenter de nouvelles textures, de nouvelles sonorités pour mettre son va-et-vient mélancolique et sa musique au diapason.
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Mûri dans une Angleterre qui ressemble de plus en plus à un scénario de comics signé Alan Moore, le cinquième album du poète fantôme semble couver un cri qui jamais ne se déploie, préférant jouer la carte de la tension, lancinante et sans concession.
Un recours progressif aux instruments
Les grondements cycliques d’une basse rutilante (I Grow Tired but Dare Not Fall Asleep), le cliquetis minimal d’une boîte à rythmes évoquant la moiteur ectoplasmique du In the Air Tonight de Phil Collins (Black Dog Got Silver Eyes) ou les percussions rituelles sur lesquelles la Française SaraSara pose son spoken word (This Train Wreck of a Life) font de ce disque, entièrement écrit, arrangé et produit par Eijimiwe lui-même, une synthèse intime de ce que l’Angleterre de l’après-punk, de Gang of Four à Radiohead, en passant par Massive Attack, s’est échinée à bâtir ces quarante dernières années.
A titre plus personnel, I Grow Tired but Dare Not Fall Asleep marque une étape supplémentaire dans un chemin de croix discographique qui n’aura eu de cesse de s’orchestrer autour du recours progressif aux instruments (guitare, basse, batterie) et de porter haut la voix d’un homme à la colère tapie dans l’ombre.
I Grow Tired but Dare Not Fall Asleep (PIAS)
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