Sous l’alias Empty Country, l’ancien leader de la formation Cymbals Eat Guitars use des armes de la poésie et de l’indie rock pour un deuxième LP au songwriting affûté.
Joseph D’Agostino n’est pas qu’un singer-songwriter de haut vol, c’est aussi un chroniqueur implacable du temps présent. Un type affûté, précis, capable de faire entrer dans une pop song toute la force et la subtilité d’un reportage au long cours du New Yorker, avec l’Amérique comme terrain de jeu et la poésie comme arme de poing.
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L’ex-leader du quartet de Staten Island Cymbals Eat Guitars, formation active de 2007 à 2017, roule désormais sous le nom d’Empty Country, un projet dans lequel il se sert de l’indie rock (ici, les Replacements croisent Wilco et le R.E.M. des débuts) comme d’un support dynamique pour faire exister ses ambitions littéraires.
Le fantôme de David Berman
Ce deuxième album, dont le sous-titre pourrait être Dernières Nouvelles des États critiques d’Amérique, porte en lui l’idéal fictionnel d’un Faulkner, avec un lyrisme à bout de souffle. Le disque est le contraire de contemplatif : il plonge dans les vies en flamme des Américain·es, pointe ce qui les ronge, les détruit et les rend sublimes en questionnant les conditions morales et matérielles de leurs existences sur cet immense territoire vide et sauvage.
Le destin d’un homme en particulier est ici punaisé comme le Christ sur sa croix : celui de David Berman, leader suicidé de Silver Jews et Purple Mountains, à qui D’Agostino consacre un morceau, David, mais dont l’œuvre traverse aussi tout le disque de façon fantomatique.
“Terrifiant de voir qu’une telle clairvoyance sur le vide peut être fatale”, disait Bradford Cox de Deerhunter, après la mort de Berman. Empty Country poursuit cette entreprise de documentation du vide, avec l’empathie qu’il faut pour survivre à tout, même à la violence.
Empty Country II (Get Better Records/Tough Love Records). Sortie le 3 novembre.
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